Publié: 08/04/2016


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Figure 1. Les agriculteurs et les agents du programme au Mozambique sont impressionnés par la capacité incroyable de survie à la sécheresse du niébé de 60 jours, riche en protéines, qu’ils ont cultivé pour la première fois. Toutes les cultures qui ont été semées dans la même période ont été séchées par la sécheresse de l’an dernier.
Source: Roland Bunch report.

Nous avons récemment reçu un rapport de Roland Bunch concernant ses efforts à promouvoir les engrais verts et les cultures de couverture en Afrique.

La principale préoccupation de M. Bunch est que la fertilité du sol n’a cessé de diminuer, en raison principalement du raccourcissement et de l’élimination de la période de jachère nécessaires pour maintenir la terre en bonne santé et productive. Bunch rapporte:

«En 2009-2010, au cours d’une étude dans 6 pays que j’ai menée en Afrique pour World Renew, je me suis aperçu que, parce que 80% des petits exploitants agricoles en Afrique sub-saharienne ont maintenant moins de 2 hectares de terres (environ 5 acres), ils ne sont plus en mesure chaque année de laisser 3/4 de leurs terres inutilisés (c’est à dire en jachère) et encore nourrir leurs familles avec ce qui reste. La jachère est la voie par laquelle les agriculteurs africains ont gardé leurs sols fertiles durant environ 3000 ans. Mais comme leurs lopins de terre ont diminué en taille (principalementen raison de la croissance démographique, mais aussi parce que beaucoup de terres sont devenues des terres en friche), ils ont progressivement réduit leurs périodes de jachère habituelles de 15 ans à 10 ans, 8 ans, 4 ans, et jusqu’ à zéro jachère. Dans la grande partie de l’Afrique sub-saharienne, la jachère est maintenant une chose du passé; elle est dans l’agonie. »

Il affirme également qu’au fur et à mesure que «la mise en jachère disparaît, la teneur des sols des agriculteurs en matière organique commence à baisser, les rendements des cultures diminuent, et les gens souffrent de la faim. Mon étude a révélé que les rendements des aliments de base diminuaient d’environ 5 à 10% par 
an! »

Les plus touchés sont environ 15 pays de faible altitude, et qui sont exposés à la sécheresse en Afrique.

Étant donné que les engrais ne sont pas rentables sur les sols pauvres, Bunch soutient que les « engrais verts/ cultures de couverture sont les seuls voies viables et durables que les agriculteurs peuvent suivre.» Il ajoute: «Un fermier en utilisant des ev/cc peut produire plus de 100 tonnes de biomasse (poids à l’état vert) sur deux hectares de terrain. A titre de comparaison, je n’ai jamais entendu parler d’un petit agriculteur qui ait fait et appliqué plus de 10 tonnes de compost en un an. Cette quantité de biomasse est plus que suffisante non seulement pour maintenir la fertilité des champs, mais pour rétablir progressivement le sol, même sur des terres improductives, à sa forte fécondité naturelle. »

Se rendant compte que pour chaque localité et chaque système agricole, il faudrait différentes légumineuses comme engrais verts/ cultures de couverture (ev/cc), Bunch s’est fixé un objectif « d’identifier ou de développer dans chacun des dix pays, au moins un système efficace d’engrais vert/culture de couverture, et de le promouvoir au point qu’il se propage spontanément d’un agriculteur à l’autre. » Après cinq ans, Bunch rapporte: « dans cinq pays, nous avons déjà développé de très bons systèmes d’ev/cc, et dans deux autres, nous avons identifié d’excellents systèmes déjà existants ».

En bref, les systèmes promus sont:

  • Mali - Gliricidia sepium pour de l’ombre légère, l’amélioration des sols et le fourrage
    Cameroun - Tephrosia vogelii pour une période d’une année de jachère (système existant)
    Kenya - Gliricidia sepium aux devantures des terrasses
    Rwanda - Mucuna pruriens (haricot vélouté) comme culture de couverture pour les bananes et Lablab purpureus intercallé avec le maïs.
    Tanzanie - Lablab purpureus intercalé avec le maïs et des expériences en cours avec quatre ou cinq autres ev/cc avec le maïs (système existant)
    Zambie - Cajanus cajan (Pois d’Angole) utilisé comme repousse spontanée ou intercalé avec le maïs
    Mozambique - Cajanus cajan (Pois d’Angole) et Vigna unguiculata (niébé) intercalés avec le maïs.

Bunch souligne que nous assistons déjà à la famine, aux pénuries alimentaires et au retard de croissance chez les enfants dans la plupart des pays de faible altitude frappés par la sécheresse. La situation est désespérée pour beaucoup de gens, mais on peut espérer qu’en impliquant les engrais verts et les cultures de couverture dans les systèmes agricoles, on peut restaurer la santé et la productivité des sols.

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Figure 2. Les membres du groupe d’épargne marchent sur leur terrain d’arbres de gliricidia de 4 ans au centre du Mali. Les sillons sous les arbres sont là où les cultures sont cultivées chaque année.
Source: Roland Bunch report.

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Figure 3. Plants de pois d’Angole de repousse intercalés avec le maïs au Mozambique. Les plants de maïs rabougris parmi les pois d’Angole témoignent des effets de la sécheresse sur la plupart des autres cultures. (Ce champ a reçu seulement deux pluies depuis la semaine où il a été semé.)
Source: Roland Bunch report.

Les photos dans cet article ont été gracieusement fournies par Roland Bunch. Pour lire son rapport complet, visitez http://foodfirst.org/wp-content/uploads/2016/02/AfricaReportFinal2.pdf.

En 2012, Roland Bunch a publié un guide très utile pour aider les agriculteurs et les vulgarisateurs à choisir les légumineuses les plus prometteuses pour les évaluer pour leurs systèmes. Le livre Restoring the Soil: A Guide for Using Green Manure/Cover Crops to Improve the Food Security of Smallholder Farmers (Restauration du sol: un guide pour l’utilisation des engrais verts / cultures de couverture pour améliorer la sécurité alimentaire chez les petits agriculteurs) est disponible gratuitement en téléchargement sur ce lien de la FAO: http://www.fao.org/ag/ca/CA- Publications / Restoring_the_Soil.pdf.

Citer comme suit:

ECHO Staff 2016. ROLAND BUNCH, 5 ANS EN AFRIQUE. Notes de développement de ECHO no 131