Originaire du sous-continent indien (Swaminathan et al., 2012), Vigna aconitifolia possède plusieurs adaptations qui l’aident à prospérer dans des conditions arides. V. aconitifolia développe rapidement une racine pivotante profonde qui soutient sa croissance semi-dressée (Figure 14). Son couvert modère la température du sol, ce qui contribue à conserver l’humidité du sol et à le protéger des forces érosives du vent et de l’eau. V. aconitifolia est une légumineuse polyvalente qui peut servir d’engrais vert, de nourriture, de fourrage et d’aliment pour animaux (Rani et al., 2023). Sa polyvalence en fait une solution pratique de jachère productive pour les petits agriculteurs  (Sadashivanagowda et al., 2017).

Climat

Adapté aux terres marginales, V. aconitifolia pousse dans une grande variété d’environnements. Une fois établi, V. aconitifolia résiste à la sécheresse et peut survivre 30 à 40 jours sans pluie en plein champ, supportant des températures de 45 °C (Kanishka et al., 2023). La température idéale pour sa croissance se situe entre 25 et 37 °C, et il nécessite 250 à 500 mm de pluie ; un drainage adéquat est nécessaire dans les zones à fortes précipitations (Rani et al., 2023). Il n’est donc pas surprenant que, grâce à ces caractéristiques, V. aconitifolia soit inclus dans les systèmes d’agriculture intelligente face au climat.

Culture

V. aconitifolia préfère les sols légers comme le limon sableux et, avec un drainage adéquat, tolère les sols argileux (Ganapathy et al., 2024). Semez les graines à une profondeur de 2,5 à 4 cm (Tiwari et al., 2017 et 2020) dans un sol préparé, à une période où les graines reçoivent suffisamment d’eau pour la germination, et au moins un peu d’eau pendant la floraison.

L’espacement courant est de 30 cm x 10 cm (Ganapathy et al., 2024 ; Choudhary et al., 2021) ; mais certains experts recommandent un espacement de 30 à 45 cm entre les lignes et de 10 à 20 cm entre les plants (Tiwari et al., 2017). Des recherches menées par Sadashivanagowda et al. (2017) ont montré qu’une variété locale produisait un rendement en graines significativement plus élevé (983 kg/ha ; 17,6 g/plante) lorsqu’elle était espacée de 45 x 10 cm et alimentée avec 2,5 t/ha de fumier de ferme.

Les recommandations en matière d’engrais sont modestes, avec 10 à 15 kg/ha d’azote et 30 à 40 kg/ha de phosphore (Tiwari et al., 2020).4 Ruheentaj et al. (2020) ont testé différentes combinaisons d’apports de fertilisation minérale et organique et ont constaté que le rendement en grains le plus élevé (625 kg/ha) était obtenu avec 12,5 kg/ha d’azote, 25 kg/ha de phosphore et 1 t/ha de lombricompost. Ils ont conclu que la combinaison d’engrais minéraux et d’amendements organiques du sol permet d’obtenir des rendements plus élevés tout en préservant les propriétés du sol.

Les agriculteurs intercalent couramment V. aconitifolia avec le millet perlé (Pennisetum glaucum), le haricot à grappe (Cyamopsis tetragonoloba), le niébé (Vigna unguiculata), le haricot mungo (Vigna mungo) et le sésame (Sesamum indicum) (Tiwari et al., 2017). Ils alternent également V. aconitifolia avec des cultures telles que la moutarde (Brassica juncea) (Tiwari et al., 2020) ou le cumin (Cuminum cyminum) (Choudhary et al., 2021) pour améliorer le système de jachère.

Désherbez 30 jours après la plantation et récoltez lorsque les gousses sont matures. À maturité, les graines se détachent dans leurs gousses devenant brunes et les feuilles devenant jaunes (Tiwari et al., 2020). 

Ravageurs

Les ravageurs courants sont les pucerons (Aphidoidea), les jassidés (Cicadellidae), la mouche blanche (Bemisia Tabaci), le foreur des gousses de légumineuses (Helicoverpa armigera) et les termites (Natatoriums obesus et Microtermes obesi) (Choundhary et al., 2021 ; Tiwari et al., 2017). D’autres ravageurs comprennent les thrips (Caltrops indicus), les acariens (Acariformes) et les vers blancs (Phyllophaga spp.). Le charançon du haricot Adzuki (Calosobruchus chinensis) est un ravageur des céréales stockées, que l’on peut maîtriser grâce aux feuilles/tourteaux de neem. Les organismes naturels du sol Metarhizium anisopliae et Beauveria bassiana éliminent les termites (ICRAR-NBAIR, s.d.). Les maladies comprennent la tache foliaire bactérienne (Xanthomonas spp.), le virus de la mosaïque jaune (Geminiviridae) et l’anthracnose (Collectotrichum spp.) (Tiwari et al., 2017).

Swaminathan et al., (2012) présentent une revue de la lutte antiparasitaire pour les espèces apparentées (par exemple, Vigna radiata). Sollicitez l’expertise locale pour identifier précisément les ravageurs et les maladies des cultures. Privilégiez toujours les méthodes de lutte culturale et naturelle contre les ravageurs avant les méthodes chimiques.

Cuisine et Nutrition

Les gousses vertes constituent un aliment de base (Choudhary et al., 2021 ; Tiwari et al., 2017), utilisées dans divers plats traditionnels. La protéine du haricot matki est riche en lysine et en tryptophane, acides aminés absents des céréales, ce qui en fait un élément important des régimes alimentaires à base de plantes dans les régions arides (Rani et al., 2023). Les graines germées sont couramment consommées nature ou en pain. Les germes de haricot matki gagnent rapidement en poids, en protéines et en propriétés antioxydantes dès les quatre premiers jours, la période optimale de germination étant de six jours (Kestwal et al., 2012). 

Références