Diplômé d’un MBA de l’Université de Hong Kong et du programme de leadership biologique de l’IFOAM, il possède une vaste expérience dans l’industrie agroalimentaire biologique commerciale, auprès d’ONG et en tant que praticien en permaculture à Chiang Mai en Thaïlande.
Introduction
La certification biologique atteste qu’une exploitation agricole ou une entreprise respecte des pratiques biologiques reconnues, notamment en évitant certains produits chimiques et organismes génétiquement modifiés (OGM), et en favorisant la fertilité des sols, la biodiversité et le bien-être animal. La certification permet l’utilisation légale du label « biologique », renforçant ainsi la confiance des consommateurs et facilitant l’accès aux marchés haut de gamme.
La certification biologique peut ouvrir des marchés haut de gamme et renforcer les pratiques agricoles durables, mais elle nécessite également du temps, une tenue de registres rigoureuse et un investissement financier important. Cet article aide les personnes travaillant avec les petits agriculteurs à évaluer les avantages et les inconvénients de la certification biologique à différentes échelles.
Pourquoi la certification biologique est-elle importante?

Figure 1. Un membre du personnel de ECHO vérifiant un attractif à mouches biologique qui utilise des fruits en décomposition pour augmenter la fertilisation des fleurs de manguier. Source : Personnel de ECHO
La demande des consommateurs pour des produits sans produits chimiques (figure 1) s’est accrue en Asie du Sud-Est et dans d’autres régions du monde. Cette tendance reflète la sensibilisation croissante aux questions de santé et le développement des chaînes de distribution modernes. La certification garantit aux acheteurs que les produits répondent aux normes officielles, réduisant ainsi les doutes quant aux allégations « biologiques » trompeuses. Les produits certifiés se démarquent dans les rayons bondés des supermarchés. Ils peuvent également ouvrir des perspectives d’exportation et permettre aux agriculteurs de bénéficier de soutiens émanant de l’Etat. La hausse des prix des cultures certifiées biologiques peut également encourager une agriculture durable.
Les catégories de certification
Les catégories de certification biologique se divisent en trois grandes catégories :
- Des organismes tiers nationaux, tels que la Organic Agriculture Certification Thailand (ACT) [la Certification Agriculture Biologique de la Thaïlande], proposent des certifications accréditées pour les marchés nationaux et internationaux. Les certifications biologiques spécifiques varient d’un pays à l’autre.
- Les systèmes participatifs de garantie (SPG) communautaires utilisent l’évaluation par les pairs et la supervision locale à faible coût, et les marchés locaux les acceptent généralement. Les SPG sont une forme de processus de certification par une tierce partie dans laquelle les parties prenantes (par exemple, les clients, les centrales d’achat, les pairs) approuvent la certification.
- Les organismes de certification internationaux, comme Ecocert et Control Union, ciblent les marchés d’exportation.
Les coûts 1 varient selon la catégorie de certification, la taille de l’exploitation, le nombre de sites et la distance parcourue par l’inspecteur. Chaque organisme de certification demandera des informations pour calculer les coûts. Les organismes de certification tiers facturent souvent des frais d’audit et de déplacement plus élevés. Les petits exploitants vendant localement peuvent réduire leurs coûts grâce aux Systèmes participatifs de garantie (SPG) ou à la certification de groupe. Les processus des SPG impliquent généralement des frais administratifs modestes partagés entre les membres. Les agriculteurs souhaitant exporter leurs produits doivent prévoir un budget pour les services de consultation, les analyses de laboratoire et les frais de certification acceptés par le pays exportateur.
Avantages de la certification
Certains agriculteurs choisissent la certification pour des raisons de marchés, de prix, de reconnaissance, ou encore pour des raisons de soutien ou de pression socio-économiques. La certification peut améliorer l’accès au marché et permettre à un agriculteur de vendre dans un plus grand nombre de points de vente, notamment dans les supermarchés et sur les marchés d’exportation. Les produits biologiques se vendent souvent à des prix supérieurs de 20 à 50 % aux prix conventionnels. La certification reconnaît officiellement le caractère biologique de votre agriculture, renforçant ainsi la confiance et la crédibilité entre l’acheteur et le vendeur. Un label certifié est un puissant outil marketing pour instaurer la confiance auprès des clients, même lorsqu’on ne les connaît pas directement ou qu’on ne les voit pas en personne. L’apposition d’un label de certification sur vos produits lors de la vente est généralement particulièrement importante lorsque le marché est éloigné du producteur ; c’est parfois le seul moyen pour l’agriculteur ou l’intermédiaire de véhiculer le message d’authenticité du produit. Les exploitations certifiées peuvent avoir accès à des programmes spéciaux, des subventions ou des formations techniques dispensés par les collectivités locales ou des organisations. Ces ressources aident les exploitations à renforcer leur résilience et leur rentabilité à long terme. La certification ouvre également des marchés institutionnels, tels que les hôtels, les écoles et les chaînes d’approvisionnement à l’exportation, qui exigent un approvisionnement biologique vérifiable.
Les défis de la certification
La certification biologique présente de nombreux défis, et les agriculteurs choisissent de ne pas se faire certifier pour de nombreuses raisons. Les coûts initiaux liés aux demandes, aux inspections et aux renouvellements peuvent peser sur les petites exploitations. La préparation des plans d’exploitation, la mise à jour des registres et la réponse aux demandes d’audit alourdissent la charge de travail quotidienne. Les audits annuels et les éventuels contrôles ponctuels représentent un surcroît de travail et augmentent le risque de perte de marché en cas d’échec. En général, la certification entraîne des coûts administratifs et de conformité nettement plus élevés, et il peut être difficile pour les petits exploitants de respecter ces exigences. De plus, si un agriculteur doit modifier ses pratiques de gestion pour se conformer aux exigences, il peut constater une baisse de production supérieure à de potentiels accroissements des majorations de prix. La période de transition de deux à trois ans retarde l’obtention de tous les avantages du marché.
Si vous êtes encore en transition et souhaitez procéder étape par étape, vous pouvez considérer la certification comme la fin d’un processus de changement des pratiques agricoles. Si vous vendez localement et que vos clients vous connaissent et vous font confiance, vous n’avez peut-être pas besoin d’un label de certification. Votre parole peut suffire. Si vous préférez une agriculture naturelle sans être lié à des règles formelles, la flexibilité offerte par la non-certification peut être avantageuse. Il existe peut-être des alternatives au label biologique qui peuvent représenter d’autres facettes de l’agroécologie et du bien-être des agriculteurs.
Le processus de certification
- Choisir un type de certification : nationale, SPG ou internationale.
- Postuler et soumettre le plan d’exploitation : inclure les cartes, l’historique du terrain, les intrants, etc.
- La période de transition : 2 à 3 ans sans produits chimiques (variable).
- L’inspection sur site : vérification des pratiques et des documents.
- L’approbation : La certification est accordée si les exigences sont respectées.
- Le renouvellement annuel : Nécessite des mises à jour et de nouvelles inspections.
Le maintien de la certification
Le maintien du statut biologique nécessite des registres précis et à jour des lots de semences, des achats d’intrants et des rendements des récoltes. Les agriculteurs doivent signaler à leur organisme de certification tout changement dans leurs plans de culture, leurs installations de stockage ou leurs fournisseurs d’intrants. Des ateliers de mise à jour et des événements de réseautage aident les producteurs à se tenir informés des révisions des normes et à identifier les pistes d’amélioration. Des audits programmés et des contrôles ponctuels garantissent le maintien de la conformité.
Devriez-vous vous faire certifier ? Guide de décision
Le tableau 1 présente les éléments à prendre en compte si vous envisagez de postuler pour une certification biologique pour votre système de production.
Considérations | Question à se poser | La certification biologique pourrait vous convenir si vous avez répondu |
---|---|---|
Comment vous pratiquez déjà l’agriculture | Évitez-vous déjà les engrais et pesticides synthétiques ? | Oui |
Combattez-vous les ravageurs et les maladies en utilisant des méthodes naturelles ou traditionnelles ? | Oui | |
Évitez-vous les OGM et prenez-vous soin de vos animaux de manière responsable ? | Oui | |
A qui vendez vous? | Vos clients demandent-ils des produits bio? | Oui |
Vendez-vous sur des marchés de producteurs, des magasins de produits de santé ou des marchés d’exportation qui nécessitent une certification ? | Oui | |
Le fait d’être certifié vous aiderait-il à atteindre de nouveaux marchés ou des marchés mieux rémunérés ? | Oui | |
Règles et étiquettes | Dans de nombreux endroits, qualifier ses produits de « bio » est illégal, sauf si vous êtes certifié. Êtes-vous à ce genre d’endroit? | Oui |
Vendez-vous directement à des consommateurs qui connaissent et croient que vous utilisez des méthodes d’agriculture biologique ? | Non | |
Temps et coût | Disposez-vous du capital/des fonds nécessaires pour couvrir les coûts initiaux requis pour la certification ? | Oui |
La conversion complète à l’agriculture biologique certifiée peut prendre plusieurs années si vos terres étaient auparavant gérées de manière conventionnelle. Disposez-vous du temps, de la main-d’œuvre et des fonds nécessaires pour traverser cette période de transition sans prendre de risques excessifs ? | Oui |
Réflexions finales
La certification peut être un excellent outil, mais elle n’est pas la seule façon de bâtir une exploitation agricole durable et prospère. Réfléchissez à ce qui correspond le mieux à vos valeurs, à vos clients et à vos objectifs. En cas de doute, consultez d’autres agriculteurs, une association biologique locale ou un bureau de vulgarisation agricole près de chez vous. Vous n’êtes pas seul dans cette démarche.
Ressources supplémentaires
Ressources IFOAM
- Global Map of Participatory Guarantee System Worldwide [Carte mondiale du Système Participatif de Garantie à travers le monde]
- Vidéo d’utilisation de la carte ici
- IFOAM Global Organic Certification Directory [Répertoire mondial des certifications biologiques IFOAM]
Liste des certifications du marché biologique américain (couvrant les marchés mondiaux et internationaux) : Base de données sur l’intégrité biologique de l’USDA
La liste des certifications du marché de l’UE est régulièrement mise à jour. Assurez-vous donc de demander ou de télécharger les informations mises à jour avant de demander une certification.
D’autres pays (Canada, Japon, Chine, Inde, Mexique, Brésil, etc.) et la plupart des autres pays réglementant leur marché intérieur disposent d’une liste des organismes qu’ils reconnaissent. Contactez l’organisme gouvernemental chargé de cette réglementation pour obtenir la liste mise à jour.