Intégration des savoirs autochtones et scientifiques pour des systèmes alimentaires durables en Afrique : le principe du plug-in
link.springer.com/book/10.1007/9...8-3-031-85512-2

révisé par Robert Walle
L’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement dépend des efforts coordonnés entre les ONG et les gouvernements. Les efforts de développement, même les mieux intentionnés, échouent lorsque les responsables de la mise en œuvre cherchent à remplacer les savoirs et expériences locaux par des systèmes de connaissances externes. Cela compromet la résilience et la durabilité. Même la Banque mondiale a reconnu que les programmes échouent lorsque les populations concernées ne sont pas prises en compte.
… aucun programme n’aidera les petits agriculteurs s’il est conçu par ceux qui n’ont aucune connaissance de leurs problèmes et mis en œuvre par ceux qui ne s’intéressent pas à leur avenir.
-Robert McNamara, Président de la Banque mondiale, 1975.
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Figure 19. Explication simplifiée du principe du plug-in. Source : Adapté de Dittoh et al., 2020.
Les tentatives de substitution des savoirs et expériences locaux ont largement échoué, tant en termes d'adoption que de production agricole. Cet ouvrage sur le principe du « plug-in » principle (Figure 19) présente des exemples de solutions conçues par les personnes concernées par ces décisions, reconnaissant ainsi l'ingéniosité de la communauté. Le terme « plug-in » désigne une méthode qui fusionne les systèmes de connaissances autochtones avec d'autres systèmes de connaissances (par exemple, la recherche universitaire ou scientifique) de manière à produire des systèmes de connaissances constamment améliorés et intégrés. Voir page 12 de l'ouvrage pour plus de détails sur le principe du « plug-in».Dès le début de l'ouvrage, les auteurs montrent que nombre des pratiques actuelles visant à atténuer les effets du changement climatique, comme l'agriculture de conservation, l'agriculture régénératrice, l'agriculture climato-intelligente et l'agroécologie, puisent leurs racines dans les savoirs autochtones et les systèmes agricoles à petite échelle. Des exemples tirés de l'ouvrage illustrent ces divers principes en action.
Une étude sur l'irrigation menée au Ghana montre comment le genre influence l'engagement envers différentes pratiques. Les femmes étaient davantage orientées vers l'irrigation des cultures destinées à la consommation familiale plutôt qu'à la vente, ce qui limitait leur participation à des domaines comme le régime foncier et le financement. L'intégration d'une approche soucieuse de l'égalité des sexes et du respect des normes culturelles a permis au projet de co-développer de meilleures pratiques d'irrigation, avec une plus grande implication des femmes.
Les systèmes de justice autochtones ont également joué un rôle important dans la résolution des conflits entre agriculteurs et éleveurs au Ghana. Le principe de l'interconnexion s'applique également à la gouvernance. L'incapacité des gouvernements coloniaux et indépendants du Kenya à comprendre la dynamique du pastoralisme masaï a conduit à des politiques qui ont dégradé les pâturages communautaires. La revitalisation de ces systèmes de justice autochtones et de gestion des ressources naturelles est essentielle à la durabilité.Revitalizing these indigenous justice and natural resource management systems is vital to sustainability.
Une étude de cas menée en Afrique du Sud montre la nécessité d'une traduction fidèle des savoirs écologiques autochtones. Cela nécessite un soutien communautaire continu et un engagement politique auprès de ceux qui ont abandonné les savoirs traditionnels au profit de « pratiques modernes », notamment les jeunes.
Les technologies de l'information et de la communication (TIC) peuvent également s'intégrer aux systèmes alimentaires locaux, favorisant ainsi le partage des connaissances et l'engagement des jeunes. Une section intéressante présente l'amélioration des communications existantes grâce aux téléphones portables. L'intégration de l'IA a favorisé l'entrepreneuriat féminin au Sahel dans les domaines de la gestion d'entreprise et de l'accès aux marchés.
S'appuyer sur les connaissances des agriculteurs contribue à créer une appropriation communautaire et s'intègre à l'agroécologie locale existante. Cette appropriation communautaire garantit la pertinence culturelle des innovations proposées et favorise leur acceptation. L'intégration vise d'abord à comprendre et à respecter les pratiques locales avant d'envisager des innovations. L'ouvrage conclut sur la nécessité de faire évoluer les modèles de recherche, de formation et de vulgarisation afin de refléter une nouvelle « agri-culture », une agriculture résiliente et respectueuse du climat, qui fournisse une alimentation saine et suffisante pour tous, soit rentable, reconnaisse les différences de genre et favorise des moyens de subsistance équitables.