Par: Craig Bielema
Publié: 17/05/2018


TN92 title imageIntroduction

De nombreuses plantes jugées inestimables pour les petits agriculteurs offrent des aliments nutritifs pour la famille, du fourrage pour les animaux ou du bois pour la construction. Remarquablement, le bambou offre tous ces trois atouts de la même plante vivace! Cette note technique portera essentiellement sur la manière la plus efficace de récolter, conserver et utiliser le bambou comme bois de construction.

Description de la plante

On distingue deux grandes catégories de bambou: le bambou grimpant (monopodial) et le bambou cespiteux (sympodial). Comme l’indiquent leurs noms, le bambou grimpant a un modèle de croissance plus diffus, tandis que le bambou cespiteux tend à rester en massifs et confiné. En règle générale, le bambou rampant est plus petit et se trouve dans les climats plus froids, tandis que le bambou cespiteux est généralement plus grand et requiert des climats plus chauds. Bien que ce document soit rédigé en tenant compte de la perspective, de l'expérience et de l'étude des bambous cespiteux dans un cadre tropical et subtropical, certains principes peuvent également s'appliquer à la pratique des bambous rampants et/ou des milieux tempérés

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Figure 1. Tige et structure souteraine du bambou. Source: Tim Motis

Le noyau d'une plante de bambou, le rhizome, est situé sous la terre. Des tiges appelées chaumes émergent du rhizome; ceux-ci sont segmentés par des nœuds qui renforcent la tige, et à partir desquels les branches vont croître. Les chaumes sont généralement creux dans les parties entre les nœuds (appelés entrenœuds, Figure 1). Les feuilles poussent sur les branches qui sortent des nœuds.

Chaque chaume émerge comme une pousse de diamètre fixe. Il va grandir en hauteur, mais ne grossira pas. Cependant, au fur et à mesure que le massif de bambous gagne  en maturité, le diamètre des nouveaux chaumes augmentera à chaque saison de croissance, jusqu'à ce qu'un maximum (en fonction de l'espèce) soit atteint.

 

Récolte

Le moment choisi pour la récolte du bambou pour le bois est extrêmement important; un bon moment peut maximiser les forces caractéristiques du bambou et minimiser ses faiblesses.

Maximiser la force

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Figure 2. Une maison en bambou avec une clôture en bambou. Source: Craig Bielema

Le bambou est l'une des plantes à croissance la plus rapide au monde, et un seul chaume peut atteindre une hauteur de plus de 100 pieds en une seule saison de croissance – mais il est préférable d'attendre trois ans pour que ce chaume atteigne sa pleine maturité. Une fois qu'un chaume de bambou atteint sa maturité, il sera beaucoup plus fort. Les chaumes commencent à mourir environ 8 à 10 ans après leur apparition comme pousses, de sorte que la période de récolte idéale se situe entre 3 et 8 ans.

Sachant cela, comment pouvez-vous distinguer l'âge d'un chaume quand vous allez à votre massif de bambou pour la récolte? Une méthode, qui exige beaucoup de patience et de prévoyance, consiste à noter l'année sur chaque chaume au fur et à mesure qu’il émerge. Cela peut être fait avec des stylos à graisse de longue durée, des marqueurs ou des peintures, ou tout simplement en marquant la couche extérieure du bambou avec un couteau ou une pierre. Cette méthode, utilisée avec diligence, vous permettra de connaître l'âge exact de chaque chaume dans le massif.

Vous pouvez également utiliser une simple observation pour donner une estimation éclairée de l'âge d'un chaume. Le bambou cespiteux produit généralement de nouvelles pousses de plus en plus loin du centre du massif. Cela signifie que les chaumes les plus anciens et les plus désirables seront situés au centre du massif difficile d'accès, tandis que les chaumes plus jeunes et moins désirables sont situés dans le périmètre extérieur facile d'accès. En gardant cela à l'esprit, vous devrez peut-être vous frayer un chemin vers le centre de votre massif pour faciliter l'accès et le prélèvement des chaumes matures. Vu d'en haut, un massif géré de cette façon aurait la forme d'un fer à cheval.

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Figure 3. Anciens chaumes sans gaine (à gauche). Nouveaux clums avec des gaines (à droite). Source: Tim Motis

Les chaumes plus âgés ne sont généralement pas aussi beaux que les jeunes, ce qui donne un autre indice précieux sur l'âge d'un chaume. Les chaumes plus âgés sont souvent décolorés en raison des dégâts causés par le soleil, et ils sont marqués par le frottement des autres chaumes; ils sont également plus susceptibles de porter des lichens, des épiphytes et/ou des cochenilles. En revanche, le jeune bambou est généralement exempt de ces imperfections; les jeunes chaumes seront lisses, propres et auront peut-être un lustre cireux. Les chaumes de bambou plus anciens auront perdu la plupart ou la totalité de leurs gaines de chaume (Figure 3), tandis que les chaumes plus jeunes en garderont peut-être encore. De plus, les chaumes plus âgés tendent à avoir plus de branches que les chaumes plus jeunes.

Minimiser les points faibles

Le bambou est vulnérable à l'infestation par des insectes et des champignons après la récolte. Ces parasites se nourrissent de l'amidon dans le bambou, détruisant son intégrité structurelle. La récolte du bambou au bon moment peut minimiser la teneur en amidon, ce qui le rend moins désirable pour les ravageurs.

Pour réduire l'amidon, récoltez les chaumes de bambou lorsque la plante est la moins active. Prenez en considération la période de l'année et le jour où vous prévoyez de récolter votre bambou. Un massif de bambou est le plus actif lorsque l'eau et la lumière du soleil sont disponibles. Le bambou produira de nouvelles pousses pendant la période de l'année où ces ressources sont les plus disponibles. Ce serait le pire moment pour récolter le bambou, car il aurait une teneur élevée en amidon. Au lieu de cela, récoltez le bambou au moment de l'année où les plantes de bambou sont moins actives et ne produisent pas de nouvelles pousses. Pendant la journée, une plante est moins active avant que le soleil ne brille sur les feuilles (générant de l'amidon par photosynthèse). Pour minimiser la teneur en amidon, récoltez le bambou très tôt le matin.

Conseils et astuces pour la récolte

Lorsque vous récoltez le bambou, je vous suggère de couper le chaume jusqu'au premier nœud juste au-dessus du niveau du sol. Coupez juste au-dessus de ce nœud, en laissant le diaphragme solide du nœud intact, mais en retirant la partie de l'entre-nœud creux afin de ne pas laisser un creux où de l'eau peut s’accumuler.

Lorsque vous récoltez de gros bambous, un chaume incliné peut se fendre en tombant. Pour éviter cela, il peut être utile de faire une coupe initiale plus haute dans le chaume, puis une deuxième coupe juste au-dessus du premier nœud au-dessus du niveau du sol. Si le chaume se scinde, la coupe au-dessus du premier nœud aidera à empêcher la scission de continuer dans le rhizome.

Pour enlever un chaume de bambou d'un massif, le moyen le plus sûr et le plus facile est de saisir l'extrémité basale, de la sortir du massif et de tirer la branche vers le bas et hors des branches des autres chaumes. Avec de très gros chaumes de bambou lourds, vous pouvez attacher une corde à l'extrémité basale du bambou et l'attacher à un camion ou un treuil en vue de sa traction. Si ces ressources ne sont pas disponibles, vous pouvez en lieu et place retirer le bambou par parties, du bas vers le haut. Chaque partie découpée à partir du bas permettra au chaume de tomber et de couper une autre partie. Ceci n'est pas une méthode de récolte idéale, car elle limitera la longueur des morceaux que vous récoltez.

Conservation et traitement post-récolte:

Les méthodes de conservation sont toutes les différentes tentatives pour réduire la quantité d'amidon dans le chaume et / ou pour rendre le matériau peu attrayant pour les insectes et les champignons.

Trempage dans l'eau

Le trempage dans de l’eau, une méthode traditionnelle de préservation du bambou, utilise de l'eau pour diluer et faire partir l'amidon du bambou au lavage. Cette technique simple et peu coûteuse consiste à submerger le bambou dans un étang ou une rivière pendant 1 à 3 mois, puis à l'enlever et à le laisser sécher. Puisque le bambou a tendance à flotter, on devra le rendre pesant pour le faire descendre sous l’eau. Pour réduire la flottabilité, vous pouvez également percer un trou dans chaque entrenœud pour libérer l'air emprisonné. Cette méthode est peu susceptible d'éliminer tout l'amidon présent dans le bambou. L'eau courante propre d'un ruisseau ou d'une rivière serait probablement plus performante que l'eau sale et stagnante d'un étang, mais ce qui est le plus facilement accessible est probablement le plus approprié.

Le séchage intra-massif

Le séchage intra-massif est une autre méthode traditionnelle pour réduire la teneur en amidon dans un chaume de bambou. Avec cette méthode, coupez la base du chaume, placez-le sur une pierre, et laissez-le debout dans le massif avec les branches et les feuilles intactes. Tant que les feuilles sont vertes, le chaume consommera l'énergie stockée, diminuant ainsi la teneur en amidon.

Traitements chimiques

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Figure 4. Chaumes de bambou récoltés récemment en cours de conservation par trempage dans un réservoir de solution chimique. Source: Craig Bielema

Divers traitements chimiques peuvent dissuader les ravageurs de consommer l'amidon présent dans le bambou. Un mélange de borax et d'acide borique est un choix courant, en raison de sa disponibilité, de son faible coût et de sa faible toxicité. Le sulfate de cuivre est un peu plus puissant que le borax, mais nécessite plus de précautions lors de la manipulation. Les solutions chimiques contenant de la créosote ou du chrome sont de puissants agents de dissuasion contre les ravageurs et sont plus stables que le sulfate de cuivre ou le borax, mais les risques qu'elles présentent pour le l’utilisateur et l'environnement en font des options moins viables.

À la ferme de ECHO dans le sud-ouest de la Floride, nous avons découvert qu’un mélange de 80% de borax et de 20% d'acide borique, mélangé à raison de 1 livre par gallon d'eau, pouvait être un produit chimique suffisamment répulsif. Lors du mélange de la solution, il est utile de chauffer l'eau afin de dissoudre complètement tout le borax et l'acide borique.

Un moyen simple d'appliquer la solution chimique est d'utiliser la méthode de séchage intra-massif mentionnée plus haut, mais placez l'extrémité coupée de la chaume dans un seau de solution chimique, plutôt que de simplement la mettre sur une pierre. Le chaume aspirera la solution du seau à mesure que les feuilles continuent à transpirer et à réclamer plus d'eau. Laissez le chaume dans le seau pendant quelques semaines avant de l'enlever et de l'utiliser. Bien que simple en théorie, ce processus peut être difficile à contrôler; le vent peut renverser la disposition, la puissance de la solution variera en fonction de l'évaporation et de la pluie, et le massif peut devenir plutôt encombrée si vous essayez de récolter une grande quantité de chaumes.

Une version plus contrôlée de la même méthode est de récolter le bambou, le couper en parties de 2 mètres, et les placer toutes verticalement dans un tonneau avec suffisamment de solution de sorte que la partie inférieure du bambou soit complètement submergée. La solution pénètre dans le chaume par capillarité (effet de mèche). Laissez le bambou dans le tonneau pendant 3 semaines, puis retournez les longueurs et laissez-les tremper pendant 3 semaines supplémentaires. Ce processus est plus contrôlé car il peut être installé dans un endroit protégé où le renversement, la dilution par la pluie, l'évaporation ou l’altération sont peu probables

L'option la plus efficace pour la préservation du bambou permettrait à la fois de réduire l'amidon et de le remplacer par un produit chimique qui repousse les parasites. La méthode de conservation par le remplacement de la sève ne fait que cela, mais elle est plus coûteuse et demande beaucoup plus de travail que le traitement chimique mentionné précédemment.

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Figure 5. Le système de boucherie à ECHO. 
Source: Craig Bielema

Une variante de la méthode de remplacement de la sève consiste à tremper le bambou dans un grand réservoir de solution chimique; cette méthode nécessite de lourds investissements, à la fois en termes d’infrastructures (construction d'un réservoir pour contenir le bambou et la solution) et de la grande quantité de solution chimique nécessaire.

Le remplacement de la sève peut également se faire en appliquant une solution chimique sous pression à une extrémité d'un chaume de bambou jusqu'à ce que la solution vienne s’égoutter par l'autre extrémité ; on appelle communément cela la méthode de boucherie. Pour ce faire, un tuyau flexible en caoutchouc est installé sur l'extrémité fraîchement coupée d'un chaume de bambou récemment récolté et fixé avec un collier de serrage en acier. L'autre extrémité du tuyau en caoutchouc est attachée aux raccords de tuyauterie en plomberie le reliant à une source de solution chimique pressurisée (la solution peut être pressurisée avec une pression d'air, avec une pompe mécanique ou simplement par gravité en plaçant le réservoir à une altitude plus élevée que le bambou à traiter). La solution sous pression va se frayer un chemin à travers les tubes vasculaires qui composent le bambou, forçant la sève sucrée à s'infiltrer partout où la couche externe du bambou a été coupée. Pour s'assurer que le plus de sève possible soit éliminée et remplacée par la solution chimique, vous pouvez ajouter une teinture ou un colorant à la solution chimique; quand le liquide qui suinte du bambou change de couleur, vous saurez que c’est la solution chimique qui sort au lieu de la sève.

Si le bambou est fraîchement coupé (c'est-à-dire que les tubes vasculaires ne sont pas bloqués), le temps requis pour traiter un chaume complet dépendra uniquement de la pression du liquide et de la longueur du chaume. Une pression plus élevée augmentera la vitesse à laquelle le liquide est poussé à travers le chaume, mais cela peut également causer une fuite au niveau de la jonction entre le tuyau en caoutchouc et le bambou, ce qui peut la détacher. Une pression de 10 psi semble être assez faible pour éviter la plupart des fuites, mais suffisamment élevée pour un temps de traitement relativement rapide (environ 1 heure pour un chaume de 20 pieds).

Des tuyaux en caoutchouc bien ajustés et des colliers de serrage robustes minimiseront la probabilité de fuites et de glissements au niveau du raccordement au bambou. Immédiatement avant de faire le raccordement avec le tuyau en caoutchouc, utilisez une machette pour couper l'extrémité du bambou à un angle tout autour, en le faisant en forme de cône, pour faciliter le raccordement d'un tuyau en caoutchouc très serré au bambou. Si possible, faites cette coupe juste avant un nœud; la légère protubérance du nœud agira comme une barbe, empêchant le collier de serrage et le tuyau en caoutchouc de se détacher du bambou.

Placez un seau ou tout autre récipient sous le point de raccordement. Lorsque des fuites surviennent ou que le tuyau en caoutchouc se détache (comme cela arrive occasionnellement), le récipient récupère toute solution déversée qui peut être remise dans le réservoir.

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Figure 6. Un foyer ouvert (en haut) et un feu basé sur trois pierres (en bas) à l'intérieur d'une maison traditionnelle en bambou dans le nord de la Thaïlande. Source: Craig Bielema

Traitement thermique

La chaleur peut être appliquée au bambou comme autre méthode de conservation. Placer le bambou au-dessus d’une flamme nue et le faire tourner uniformément détruira l'amidon dans le bambou. Le traitement thermique convient le mieux aux bambous à parois minces, car la chaleur ne pénètre pas facilement l'intérieur des bambous à parois épaisses. De plus, en raison de la main-d'œuvre et du combustible (bois de chauffe) requis, il convient souvent mieux aux meubles et instruments de musique qu'aux grandes structures. Un avantage secondaire du traitement thermique est que vous pouvez modifier la couleur du bambou à presque n'importe quelle teinte de brun.

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Figure 7. Un canapé en bambou. Source: Craig Bielema

Beaucoup de maisons indigènes construites principalement avec du bambou présentent peu de preuves de dégâts causés par des insectes ou des champignons, même si le bambou n'a pas été préservé. Certaines espèces de bambou sont moins sensibles aux ravageurs que d'autres espèces. Cependant, le bambou pourrait également être préservé quotidiennement par la fumée et la chaleur générées par le fourneau traditionnel à feu ouvert dans la maison; la même fumée et la même chaleur dissuadent les parasites de consommer le bambou. Réalisant cet avantage, beaucoup de gens placent du bambou sur un support au-dessus de l'âtre pendant un certain temps avant de l'utiliser à d'autres fins.

Malheureusement, la fumée des feux de cuisson a d'autres effets moins bénéfiques sur les personnes vivant dans la maison. Selon l'Organisation mondiale de la santé (WHO 2016), la pollution de l'air intérieur générée par les feux ouverts et les poêles qui fuient est responsable de plus de 4 millions de décès prématurés par an. La mise en place de foyers de cuisson propres et efficaces dans la maison améliorera la santé pulmonaire et préviendra d'autres problèmes de santé; cependant, cela peut également entraîner des problèmes dus à la perte de la préservation du bambou.

Séchage

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Figure 8. Bambou préservé séchant verticalement au soleil (en haut) et supports de séchage et de stockage chargés de bambou (deux images en bas). Source: Craig Bielema

Après l’avoir récolté et conservé, laissez le bambou sécher complètement avant de l'utiliser comme matériau de construction. Vous pourriez être tenté de l'utiliser lorsqu'il est encore vert pour éviter d'attendre, et aussi parce qu'il est plus facile à couper lorsqu'il est mouillé. Mais le bambou rétrécit à mesure qu'il sèche; s'il est joint ensemble alors qu'il est encore vert, le rétrécissement provoquera l’étirement ou la rupture des joints.

Le temps de séchage varie selon la taille du bambou, la méthode de séchage et les conditions ambiantes, mais en général, vous pouvez vous attendre à ce qu'il prenne environ deux mois. 

Le bambou peut être séché horizontalement à l'ombre ou verticalement à l'air libre. Cette dernière option est plus rapide et occupe moins de terrain, mais chaque chaume doit être assez fréquemment retourné pour éviter des fissures. Le séchage horizontal à l'ombre prendra plus de temps, et les chaumes devraient être empilés de manière à optimiser la circulation de l'air. Les supports de séchage horizontaux peuvent également servir d’entrepôt à long terme pour le bambou (Figure 8).

Construction

Le bambou est un excellent choix de matériau pour une grande variété de projets de construction. Il est souvent fendu pour tisser des paniers, des cages, des nattes, etc. Il est également couramment utilisé pour fabriquer des meubles, des clôtures, des treillis, des ponts et des maisons. Il est même utilisé dans la fabrication d'instruments de musique et de bicyclettes! Cette section explique comment travailler avec le bambou et comment il interagit avec d'autres matériaux de construction.

Choix du matériau

Le bambou est un matériau non uniforme et chaque chaume est différent, donc chaque morceau doit être choisi avec précaution. Les caractéristiques les plus manifestes et les plus élémentaires à rechercher sont le diamètre et la longueur du chaume. Le diamètre du bambou dépend de l'espèce, de l'âge de la plante et des conditions de croissance. Choisissez les tailles de diamètre en fonction du type de bambou disponible, les exigences de résistance pour l'utilisation prévue, et l'esthétique. Notez que le diamètre d'un seul chaume de bambou varie le long de sa longueur. La portion de plus grand diamètre de tout chaume est située à l'extrémité de base. Le diamètre du chaume se rétrécit irrégulièrement du bas vers le haut.

L'épaisseur de la paroi du bambou est une autre caractéristique à évaluer lors du choix de votre matériau. Comme le diamètre, l'épaisseur de la paroi est déterminée en fonction de l'espèce, elle est directement liée à la force du chaume et elle diminue à un rythme variable sur toute la longueur du chaume. Prenez également en considération la distance entre les nœuds (appelée longueur des entrenœuds), qui est déterminée par les espèces et qui change à un taux variable sur toute la longueur du chaume, et qui affectera les emplacements et la résistance des joints. Un nœud est la partie la plus forte d'un chaume; Les morceaux doivent être raccordés non pas directement au niveau du nœud, mais plutôt juste à côté, pour éviter un fractionnement indésirable.

Un chaume complet de bambou peut être divisé en trois sections, de longueur variable. La section la plus basse a le diamètre le plus grand, la paroi la plus épaisse et l'espacement des nœuds le plus rapproché. Cette section est très vigoureuse, mais elle est si lourde et les nœuds sont si proches qu'il est difficile de travailler avec et elle n’est pas idéale pour la construction. La partie inférieure a également tendance à avoir des courbes serrées, car le bambou semble émerger du sol à un angle, puis se redirige pour se redresser. 

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Figure 9. Il vaut la peine de prendre le temps de regarder à travers des piles de bambous pour choisir le (s) bon (s) chaume(s) pour chaque projet. Source: Craig Bielema

La section centrale d'un chaume de bambou est la plus uniforme en termes d'épaisseur de la paroi, de diamètre et d'espacement des nœuds. C'est la partie du bambou que vous devez récolter et conserver. Vous devriez être en mesure de voir une transition de la partie inférieure, avec son tronc énorme et sinueux et ses nœuds rapprochés, à la partie du milieu avec son tube droit et uniforme et ses nœuds presqu’uniformément espacés. Les nœuds dans cette partie centrale sont espacés d'une manière qui permet une menuiserie facile. Le bambou a tendance à être à la fois léger et solide.

La partie supérieure d'un chaume de bambou est marquée par une diminution soudaine du diamètre et de l'épaisseur de la paroi, et par une distance allongée entre les nœuds. Cette partie est assez faible et indésirable pour la construction. Cependant, elle a généralement beaucoup plus de branches et de feuilles, et peut être utilisée comme fourrage pour les animaux. 

Après avoir récolté la partie centrale du bambou, puis l’avoir conservé et la séché, il faut encore faire des choix. Lors du choix de chaque morceau pour la construction, vous devez déterminer à quel point chaque morceau doit être droit ou courbe pour votre projet. Certains chaumes auront une longue courbe oscillante résultant de leurs conditions de croissance; la courbe est facile à voir en regardant la longueur du chaume. Le bambou aura également une courbure de type zigzag dans un plan. En regardant la longueur d'un morceau de bambou avec les branches intactes, vous remarquerez que des branches émergent des côtés opposés des nœuds consécutifs. Le motif en zigzag dans un chaume semble suivre les habitudes de ramification; tout se passera comme si  le chaume pousse vers la branche d'un côté, puis change de direction pour croître vers la branche suivante du côté opposé. Sans branches présentes, le zigzag sera moins évident, mais vous devriez pouvoir le voir en observant la longueur du chaume. Ce zigzag caractéristique sera assez prononcé chez certaines espèces et presque indétectable chez d'autres. 

Le plan perpendiculaire à celui qui zigzague tend à être très droit. Lors du choix et de l'orientation d'un chaume de bambou, vous pouvez décider de choisir un chaume avec un zigzag moins prononcé, ou vous pouvez faire pivoter le chaume pour profiter du bord plus linéaire et cacher celui qui fait des zigzags.

L'annexe I donne des informations sur les différentes espèces de bambous, y compris la hauteur moyenne, le diamètre et plus encore.

Processus de manipulation du bambou

Quatre processus de base – le fendage, le découpage, le perçage et le courbage - peuvent être utilisés avec une variété d'outils et de techniques pour manipuler le bambou et créer presque n'importe quelle structure imaginable.. 

Le fendage

Le fendage est l'action de séparer le matériau le long d'une ligne de faille; dans le cas du bois et du bambou, cela signifie fendre dans le sens du fil du bois. Le bambou est très droit, surtout le long des entrenœuds, et donc facile à diviser. Le fil le long des nœuds a tendance à être un peu plus «noué», mais même ceux-ci se fendent plus facilement que la plupart des bois. Une machette, une hache ou un couteau est généralement utilisé pour fendre le bambou. La netteté de la lame n'a d'importance que pour initier la séparation. Une fois que la lame est entrée dans le matériau, la forme de cale de la lame fait tout le travail de fendage. Si vous regardez de plus près, vous verrez que le tranchant de la lame ne touche même pas le bambou lorsqu'il se fend.

En fendant le bambou, commencez par fendre le chaume en deux, en morceaux grossièrement égaux, puis divisez les morceaux obtenus en deux à leur tour. Répétez jusqu'à ce que vous atteigniez la taille désirée. En divisant toujours en deux, les forces de résistance seront équilibrées, résultant en un fendage droit. Si vous essayez plutôt de séparer un petit morceau d'un plus grand, la fente a tendance à «s'épuiser» et à se rétrécir à une taille plus petite que vous ne le souhaitez. Sur les morceaux plus longs, si un fendage commence à se rétrécir, vous pouvez le corriger pour avoir un fendage droit en tirant le côté le plus petit et en l’écartant du couteau.

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Figure 10. Bambou récemment aplati et maintenant mis à sécher. Source: Craig Bielema

Un outil de fendage peut être utilisé pour fendre simultanément un chaume entier en plusieurs morceaux de taille égale. Cet outil se compose d'une boucle en acier avec des poignées à l'extérieur et des lames disposées radialement à l'intérieur. Avant d'utiliser cet outil, assurez-vous que le bambou est un peu plus petit que la boucle; lorsque le chaume se fend, il s'étend vers l'extérieur.

Le bambou peut être aplati en panneaux utiles en créant de nombreuses petites fentes dans le chaume. Pour ce faire, posez un bâton de bambou sur le sol et frappez-le dans le sens de la longueur à l'aide d'une machette ou d'une hache à chaque nœud, à un espacement d'environ 1 centimètre tout autour du chaume. Chaque coup avec la machette ou la hache ne doit traverser qu'une seule paroi du chaume et produire une fissure qui descend environ à mi-chemin de l'entrenœud. Vous allez vous retrouver avec un chaume de bambou qui a des dizaines, voire des centaines de fentes, mais la plupart des fentes ne se raccorderont pas d'un nœud à l'autre. Trouvez la plus longue fente dans le chaume, et utilisez une machette pour augmenter cette fente afin qu'elle s’étende sur toute la longueur du chaume. Le bambou devrait maintenant s'ouvrir afin que vous puissiez accéder à l'intérieur. Tenez-vous debout sur la paroi intérieure du bambou pour le garder ouvert, et frappez à plusieurs reprises avec une machette pour créer plus de fentes verticales. Le bambou s'ouvrira davantage et sera plus plat à chaque fente. Enfin, coupez les morceaux restants du nœud qui sont présents à l'intérieur. Posez le bambou plat et ouvert, avec la paroi intérieure en bas et la paroi extérieure en haut (Figure 10). Soutenez les extrémités du bambou à 10 centimètres ou plus au-dessus du sol, et lestez le milieu de sorte qu'il touche le sol. Laissez-le ainsi jusqu'à ce qu'il soit sec, de sorte que le panneau de bambou reste plat et ne se replie pas lorsqu'on l’utilise.

Le découpage

Parfois, vous devez couper le bambou dans le sens du fil du bois pour obtenir la longueur désirée. Cependant, couper le bambou dans le sens du fil du bois est plus difficile que le fendage. Pensez à un morceau de bambou comme un faisceau de fibres qui vont toutes dans la même direction; Le fendage consiste simplement à séparer certaines fibres des autres, mais le découpage requiert de sectionner chaque fibre du faisceau.

L'outil le plus simple pour ce travail est, encore une fois, une machette ou une hache. Cependant, il est très difficile de couper directement dans le sens du fil du bois. Au lieu de couper les fibres de bambou avec une lame, approchez le chaume à un angle de 45 degrés. Cela permettra à la lame de diviser et couper les fibres en même temps, et permettra d'enlever de petits copeaux de matériau. Les coupes obliques subséquentes permettront à la lame de plonger plus profondément et éventuellement de couper tout le long du matériau. La coupe résultante sera biseautée, mais si une extrémité plate est nécessaire, le biseau peut être taillé à plat avec de petits coups de machette directement à travers le fil du bois.

Une scie à coupe transversale se comporte en fait de la même manière qu'une machette à un angle. Elle peut ne pas apparaître ainsi initialement, parce qu'elle est poussée et tirée directement dans le sens du fil du bois. Mais les dents sont affûtées à un angle d'environ 45 degrés par rapport à la scie. Lorsqu’elles sont poussées et tirées à travers le matériau, elles tranchent à un angle pour détacher de petits morceaux de matériau. L'utilisation d'une scie (qu'il s'agisse d'une scie à main ou d'une scie mécanique) peut être plus rapide et plus précise que la coupe à la machette, mais elle sera également plus coûteuse et difficile à entretenir.

Les scies à main et les scies électriques fragmentent parfois le bambou; cela se produit lorsque les dents de la scie sortent du bambou et, plutôt que de couper les dernières fibres sur la paroi extérieure, elles les attrapent et les éloignent du bambou. Comme résultat, on a une partie du chaume effilochée, fragmentée et laide. Parce que cela n'arrive que lorsque les dents de la scie sortent du bambou, une méthode pour éviter ce problème est d’effectuer une coupe de décharge sur le côté opposé.

Les fentes peuvent être minimisées de plusieurs façons. Vous pouvez utiliser une scie plus petite; les scies à dents plus petites tendent à causer moins de fentes que les scies à grosses dents. Aussi, avant de découper un chaume, vous pouvez scier légèrement tout autour du périmètre pour couper d'abord les fibres externes. Une autre option consiste à placer du ruban adhésif autour de la circonférence du chaume à l'endroit désiré, puis scier directement le ruban. Le ruban tiendra les fibres ensemble, les empêchant de se fendre.

Le perçage

Lorsque vous percez des trous dans le bambou, vous coupez à la fois dans le sens du fil du bois et à contre-fil, pour faire une ouverture pour d'autres matériaux ou des attaches qui vont y passer. Un trou grossier peut être fait en pivotant un couteau d'avant en arrière (pour créer un trou plus petit), ou en coupant une entaille en V avec une machette et en l'arrondissant avec un couteau (pour créer un plus grand trou).

Des forets tels que les forets hélicoïdaux, des forets à bois sans éperons et des forets à bois peuvent être utilisés pour réaliser rapidement et précisément de petits trous dans le bambou. Évitez les vrilles avec la plupart des bambous; une vrille comporte un embout fileté qui tire le trépan à travers le matériau, mais il a tendance à agir comme une cale et à fendre le bambou. Les bambous aux parois très épaisses sont moins susceptibles de se fendre et peuvent être percés avec des mèches de tarière.

Une scie cloche, comme une lame de scie à main qui a été pliée en cercle, peut être utilisée pour faire de gros trous dans du bois ou du bambou. Les scies cloche nécessitent un nombre considérable de pieds-livres de couple à couper, donc une perceuse électrique puissante est nécessaire. Les scies cloches sont capables de créer de grands trous ronds de différentes tailles, mais elles se bloquent facilement et peuvent être difficiles à utiliser.

Le pliage

Le pliage est une technique utile pour courber le bambou droit ou pour redresser le bambou courbé. La chaleur est l'outil principal utilisé lors du pliage; Appliquez-le lentement et uniformément sur le bambou avec une torche, un pistolet à air chaud ou de la vapeur. Il est utile d'utiliser une forme avec un rayon approprié pour plier et fixer le bambou pendant qu'il refroidit. Parce que le bambou est creux, il peut plier ou s'effondrer lors du pliage. Pour éviter cela, percez les nœuds du bambou, remplissez le chaume de sable et bouchez les extrémités.

Préparation du bambou pour la menuiserie

Les principes de modification de la taille et de la forme du bambou peuvent maintenant être appliqués pour préparer une variété de techniques de menuiserie avec les outils disponibles.

Tenon et Mortaise  

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Figure 11. À travers mortaise et tenon': Un bambou de plus petit diamètre passant à travers une mortaise coupée à travers les deux parois dans un bambou de plus grand diamètre. Source: Craig Bielema

Un joint tenon et mortaise se compose d'une protubérance mâle (tenon), et d’un raccord femelle (mortaise), qui s'emboîtent pour constituer un raccordement très fort. Typiquement, dans le travail du bois, le tenon est coupé à environ ⅓ ½ de la taille du matériau, et la mortaise a la même taille que le tenon. Les mortaises carrées en bois sont plus difficiles à couper que les mortaises rondes, mais les tenons carrés sont plus faciles à couper que les tenons ronds. Les joints tenon et mortaise carrés sont préférables, car ils empêchent la rotation du matériau et ont une plus grande surface de collage. Mais, dans la construction en bambou, aucun de ces facteurs n’est vraiment important, parce que couper un tenon central n'est tout simplement pas réalisable. Etant un matériau creux, toute tentative de couper un tenon au centre ne vous laissera rien. Cela limite, mais simplifie les choix pour la création d'un joint tenon et mortaise en bambou; la pleine dimension du bambou de stock est le tenon (aucune coupe requise), et une mortaise ronde est faite pour correspondre à ce tenon. Couper une mortaise ronde consiste simplement à percer un trou de même diamètre que le morceau de bambou qui doit y être fixé.

Malheureusement, cette technique nécessite que le bambou à mortaiser soit de plus grand diamètre que le bambou à tenon (de préférence 2 épaisseurs de paroi de plus grand diamètre). Si le bambou à mortaiser était de la même taille ou plus petit que le bambou à tenon, alors tenter de couper une mortaise se traduirait par un joint en gueule de poisson (voir la section suivante).

Un ‘tenon et mortaise de tronçon' aura un tenon qui se termine à l'intérieur de la mortaise, et est un joint très dégagé. Pour cela, il suffit de couper une mortaise à travers une paroi du bambou. Une 'mortaise et tenon de travers' aura un tenon qui passe entièrement à travers une mortaise, et est un joint plus solide. La mortaise est coupée à travers les deux parois du bambou, mais soyez prudent lorsque vous coupez la deuxième paroi. Si l'on perfore un trou d’un côté à l’autre du morceau, il y a une forte probabilité qu’il se fende lorsque le foret sortira par la peau extérieure du bambou. Pour minimiser cela, percez un petit trou pilote, retournez le bambou et utilisez le trou pilote comme guide pour percer de la peau externe vers le centre creux.

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Figure 12. Bambou équipé de «tenons lâches» en acier qui sont maintenus en place par un boulon. Source: Craig Bielema

Un 'tenon desserré' peut être utilisé pour joindre des bambous de taille égale. On le fait en coupant une mortaise dans les deux morceaux qui doivent être joints, et en utilisant un petit morceau de bambou ou de bois comme le tenon qui convient aux deux mortaises. Utilisez la caractéristique creuse du bambou à votre avantage, et découpez le nœud pour exposer une mortaise ronde naturelle, c'est-à-dire l'entre-nœud creux. Coupez une mortaise dans le côté de l'autre morceau de bambou, faites-en le même diamètre que l'intérieur de votre mortaise naturelle. Maintenant, coupez un tenon desserré de bambou, de bois ou d'acier qui correspondra étroitement à l'intérieur des deux mortaises.

Les mortaises carrées peuvent être utiles lors de la jonction de matériaux carrés avec du bambou, comme le bois de construction de dimensions courantes. Coupez un tenon carré dans le bois à l'aide d'une scie, et une mortaise carrée dans le bambou de taille égale. Pour créer une mortaise carrée, utilisez une combinaison de sciage et de forage pour couper dans le sens du fil du bois en haut et en bas de la mortaise. Ensuite, séparez l'excès de matériau le long du fil du bois avec un couteau ou un ciseau.

Pour empêcher un joint tenon et mortaise de tourner et / ou de se démonter, il est judicieux d’attacher, de fixer et / ou de coller le joint ensemble. Reportez-vous à la section « Attaches » ci-dessous pour plus de détails.

 

Gueule de poisson

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Figure 13. Découpage en bouche de poisson à l'aide d'une scie à main (en haut) puis modélisation d’une bouche de poisson coupée à la main à l'aide d'un ciseau (en bas). Source: Craig Bielema

Un joint en gueule de poisson est ainsi appelé, parce que sa forme ressemble à celle de la gueule ouverte d'un poisson. Il peut être considéré comme une mortaise qui va couvrir un tenon de moitié, ou un support dans lequel va se blottir un bambou. Les joints en gueule de poisson sont couramment utilisés au sommet des poteaux pour soutenir les poutres rondes, dans la création de fermes de bambou, et de nombreuses autres applications.

Lors de la création d'une gueule de poisson, identifiez d'abord la taille du matériau qui doit être blotti à l'intérieur. Placez le bambou qui doit être coupé à côté de l'extrémité du morceau à blottir, et gravez l'intersection avec un crayon. Cela créera l'arc d'un cercle qui deviendra la gueule de poisson. Essayez de refléter cette marque sur le côté opposé du bambou.

La gueule de poisson peut alors être grossièrement découpée à angle, à l'aide d'une machette ou d'une scie, en commençant au point le plus bas de l'arc. Cela se traduira par une extrémité en forme de V sur le bambou, qui peut être arrondi avec un couteau, un ciseau, une lime ou un outil de sculpture sur bois rotatif. Essayez les morceaux, marquez tous les points saillants et enlevez-les pour tenter de sculpter la gueule de poisson jusqu'à ce qu’ils affleurent.

Si l'utilisation d'une scie cloche est une option, trouvez la taille de la scie cloche la plus proche du diamètre extérieur du morceau à blottir. Si elle est entre deux tailles, choisissez la plus petite, et sculptez jusqu’à obtenir un ajustement parfait si vous désirez la minutie; mais choisissez le plus grand si vous n’avez pas le temps, si vous ne voulez pas sculpter, et si vous pouvez vous permettre un joint peu soigné. L'utilisation de scies cloches peut réduire ou exclure la coupe et la sculpture, ce qui résulte en une gueule de poisson belle, nette, parfaitement ronde.

Attaches

Une fois que les matières premières ont été choisies, manipulées en fonction de la taille et de la forme, et préparées pour la menuiserie, la dernière étape consiste à les assembler. Nous aborderons dans cette section le choix des bonnes attaches et comment bien les appliquer.

L’arrimage

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Figure 14. Bandelettes de fibres de bambou à utiliser pour l'arrimage. Source: Craig Bielema

Attacher du bambou avec de la corde, un cordon, de la fibre ou du fil est un moyen simple et rapide pour faire un raccordement simple. Deux (ou plusieurs) morceaux de bambou peuvent être joint ensemble sans couper, percer, fendre, ou sans aucune préparation de joint. Mais, l’arrimage n'est pas seulement réservé à ces raccordement les plus simples, il est également très utile dans les joints qui nécessitent des gueules de poisson, des chevilles et/ou de la colle. En outre, il convient de noter qu'il existe de nombreux nœuds et techniques d’arrimage qui peuvent être utilisés sur les menuiseries en bambou; cette section servira seulement d’introduction de base aux techniques, plutôt que d'être une collection exhaustive.

Tout d'abord, nous explorerons l’arrimage de morceaux de bambou qui n'ont été modifiés d'aucune façon et qui se croisent simplement. Le type de matériau que vous choisissez pour l’arrimage affectera l'approche. L’arrimage de ces morceaux avec un cordon (corde, ficelle, etc.) suivra les procédures de base de nouage afin de lier ensemble tout type de poteau (voir Annexe III). De très fines bandes de fibres de bambou sont traditionnellement utilisées pour relier le bambou. Elles sont coupées du bambou vert à la main, enroulées autour des poteaux à être raccordés, et les deux extrémités de la fibre libérienne sont tordues ensemble. Ce raccordement est très rapide, peu coûteux, et la meilleure façon de l'apprendre c’est auprès des habitants qui ont grandi en utilisant cette méthode de fixation rapide et fascinante. Le bambou est vulnérable à la pourriture et prend du temps à produire. Des bandes synthétiques ont donc été produites en remplacement pour offrir une meilleure longévité et uniformité, tout en conservant les propriétés de rapidité et de facilité de torsion comme pour la fibre libérienne.

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Figure 15. Bambou attaché à un arbre avec du vieux ruban d'égouttage. Source: Craig Bielema

Une vieille bande en poly perforée est une excellente ressource qui peut être recyclée en un matériel d'arrimage solide. Le fil métallique offre également un matériel d'arrimage prêt à l'emploi et durable qui peut être utilisé sans besoin de faire des nœuds. Enroulez le fil métallique autour des poteaux à relier, entrelacez ensemble les extrémités à la main, puis saisissez la partie entrelacée avec des pinces, et donnez des torsions supplémentaires pour une liaison étroite. Le fil d'acier est le plus fort, mais sujet à la rouille et à une rupture éventuelle. Utilisez un fil d'acier recouvert de zinc pour minimiser le risque de rouille ou utilisez du fil d'aluminium ou de cuivre si disponible, bien qu'ils ne soient pas aussi solides. Les conditions très serrées qui sont obtenues par torsion peuvent également être utilisées sur des cordons. Il suffit d'attacher le cordon dans une boucle en utilisant un double nœud de pêcheur (ou un autre nœud préféré) qui est un peu lâche autour des poteaux qui doivent être joints. Insérez une fente de bambou (les rebords tranchants enlevés avec un couteau) entre le cordon et le poteau, tournez la fente de bambou pour ajouter de la tension au cordon, et fixez-le en place. Cette technique peut donner lieu à des joints très serrés qui peuvent être resserrés plus tard en cas de d’affaissement, de rétraction ou de glissement qui provoquent le desserrement du joint.

Bien qu'il soit simple et rapide de bien fixer le bambou ensemble en utilisant seulement l'arrimage, il est également utile d'utiliser l'arrimage en conjonction avec d'autres techniques de menuiserie. Les joints chevillés sont souvent arrimés pour éviter que les membres du bambou ne se disloquent sur l'axe de la cheville. De plus, dans un assemblage de type poteau et poutre avec une entaille dans la partie supérieure du poteau pour permettre à la poutre de s’y déposer, l'arrimage peut jouer un rôle important en empêchant la poutre de glisser ou de sortir de la gueule de poisson. Souvent, une cheville est également utilisée dans cette fixation de poteaux et de poutres, mais elle est située uniquement dans le poteau et utilisée comme point de fixation pour l'arrimage. Dans les joints collés, l'arrimage est utilisé pour fournir à l'assemblage de la résistance à une traction supplémentaire. 

Le collage

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Figure 16. Le joint de l’axe du pédalier d'une bicyclette en bambou, maintenu ensemble par une combinaison de bandes de fibres de chanvre et d'époxy. Source: Craig Bielema

La jonction de bambou avec de la colle suivra la plupart des mêmes principes utilisés dans la jonction du bois avec de la colle. Maximisez la surface de la colle sur le fil des rives et le fil de parement, et minimisez la zone de colle sur les bois de bout. Faites correspondre les contours des pièces à assembler pour minimiser les entrefers.

Le bambou diffère du bois d'une manière qui est importante à prendre en compte lors de l'application de la colle. Le bambou n'est pas broyé en panneaux rectangulaires, il est généralement utilisé en morceaux ronds et entiers. Ceci est important pour plusieurs raisons. La surface extérieure du bambou a un revêtement dur et résistant qui ne donne pas une bonne surface d’adhérence pour la colle. Donc, il est important d'utiliser du papier de verre ou un couteau pour enlever cette surface extérieure partout où la colle va être appliquée. En outre, cette surface externe arrondie est le fil du parement et il est difficile d'avoir un autre morceau de bambou qui corresponde à ce contour sans être la plupart du temps en bois de bout, ce qui n'est pas une bonne surface de colle. Mais, un morceau flexible d’arrimage peut être collé à ce fil du parement arrondi, aussi bien qu’au fil du parement de l'autre morceau de bambou qui est rattaché. C'est ainsi que l'arrimage et le collage peuvent fonctionner si bien ensemble.

La colle à bois commune et l'époxy à deux composants fonctionnent bien sur le bambou. La colle à bois blanche ou jaune est peu coûteuse, facile à nettoyer, solide et certaines sont imperméables. La colle à bois brun est un peu plus chère et généralement plus difficile à trouver, mais elle est un peu plus résistante et réversible si de la chaleur est appliquée. L'époxy est l'option la plus solide et la plus résistante, mais aussi la plus chère.

Attaches en bambou

TN92 figure 17

Figure 17. Cheville de bambou utilisé pour joindre des poteaux de bambou ensemble. Source: Craig Bielema

Le bambou lui-même peut être utilisé comme une attache pour relier des poteaux ensemble. Nous avons déjà abordé une option consistant à couper de fines bandes de bambou pour l'arrimage. Nous avons également mentionné plus tôt, que des morceaux de bambou peuvent être coupés en piquets ronds et utilisés pour relier le bambou ensemble. Pour utiliser une cheville en bambou, percez un trou légèrement plus petit que la cheville à travers tous les morceaux de bambou à joindre. Des forets très longs sont utiles pour percer un trou droit dans tous les morceaux. Biseautez une extrémité de la cheville afin qu'elle puisse trouver son chemin à travers tous les trous plus facilement. Battez en utilisant un maillet ou un bloc de bois et coupez l'excédent, si vous le souhaitez. Les chevilles complètent souvent d'autres techniques de menuiserie telles que l'arrimage et la mortaise-et-tenon.

Chevilles

Les chevilles rondes en bambou sont de grandes attaches pour joindre le bambou. Elles sont très résistantes, se rétrécissent / gonflent au même rythme que le bambou joint et sont faciles à fabriquer à partir de débris de bambou.

Pour les confectionner, découpez une partie d'entrenœud et divisez-la en morceaux grossièrement carrés. La façon la plus simple de faire des chevilles rondes à partir de ces fentes carrées est de raser les coins avec un couteau ou une machette. Après en avoir fait un certain nombre, vous pouvez devenir assez rapide et avoir assez d’adresse pour les rendre assez uniformes en taille.

Pour obtenir une plus grande précision, faites passer les morceaux carrés à travers une matrice ronde, ce qui coupe les coins et on obtient une cheville parfaitement ronde et uniforme. Un poinçon wad (couramment utilisé pour couper des cercles en cuir ou en caoutchouc) peut être acheté et, avec la poignée coupée, peut servir d'excellente matrice de découpage de cheville. Il serait avantageux de souder celle-ci à un tuyau de plus grand diamètre, qui peut être solidement fixé à un établi. Une plaque d'acier peut être usinée avec une variété de trous de différentes tailles pour frapper les morceaux à coups de marteau, mais sans bords aigus, cette méthode nécessite beaucoup d'énergie. Un tube d'acier peut être aiguisé à une extrémité et utilisé comme une matrice, mais il y a souvent beaucoup de frottement entre la cheville et l'intérieur du tube. Cette méthode nécessite donc beaucoup d'énergie. Cependant, le frottement peut être évité si vous utilisez un tuyau conique. Les tuyaux coniques ne sont pas courants, mais ils sont utilisés régulièrement dans les cadres de bicyclette pour fabriquer les haubans, les bases et les fourches. Si vous pouvez trouver un vieux cadre de vélo en acier qui peut être sacrifié, vous pouvez transformer certains des tubes coniques en des matrices de découpage de cheville (voir l'annexe II).

Attaches en acier

TN92 figure 18

Figure 18. Poteaux de bambou fixés à une fondation en béton à l'intérieur avec de l'acier et des entrenœuds creux remplis de béton (à gauche). Une bouche de poisson en train d’être jointe en utilisant un goujon en acier  (à droite). Source: Craig Bielema

Les clous et les vis peuvent être l'option rapide et facile pour joindre du bois, mais ils ne doivent être utilisés qu'avec une grande prudence lors de la jonction du bambou. Les clous et les vis sont essentiellement de petites cales avec beaucoup de frottements, de sorte qu'ils peuvent être facilement vissés mais difficiles à retirer. Si vous vous souvenez de la partie sur la fente du bambou, l'outil principal utilisé pour fendre est la cale, et le bambou se fend avec peu d'effort. C'est pour cette raison que les clous et les vis ne sont généralement pas recommandés pour une utilisation avec du bambou, ils ont tendance à fendre, plutôt qu’à joindre. Bien sûr, il y a des exceptions, et il leur est possible de bien s’allier. Le perçage des trous au préalable (et le fraisage, si nécessaire) dans le bambou enlèvera un peu de la matière qui aurait autrement besoin d'être mise de côté par les attaches métalliques, et moins il y a de matière qui doit céder de la place, plus il est facile que l'attache entre sans se fendre. En outre, le choix d’un bambou avec des parois très épais peut empêcher la fente parce qu'il y a simplement plus de fibres liées dans le bambou et il faut une plus grande force pour les casser toutes pour causer une fissure.

TN92 figure 19

Figure 19. Un hôtel de bambou au Guatemala, la plupart des joints sont fabriqués à l'aide de sangles et de boulons en acier. 
Source: Craig Bielema

Les boulons en acier donnent beaucoup plus de force que les vis ou les clous, ne servent pas de cale et ne dépendent pas de friction dans le bambou pour rester en place. Ils peuvent être utilisés à la place des chevilles en bambou pour augmenter la force (et le coût); mais à la différence des chevilles, les boulons empêcheront le glissement le long de l'axe de l'attache, fixant le joint dans toutes les trois dimensions. Pour utiliser un boulon en acier comme une attache, percez un trou de diamètre légèrement plus grand que le boulon à travers tous les morceaux de bambou à joindre ensemble. Insérez le boulon dans les trous, et avec des rondelles des deux côtés, installez un écrou fermement pour obtenir un joint serré, mais pas trop serré pour fissurer le bambou. Une bonne alternative à l'achat de boulons de diverses longueurs pour différents joints est d'utiliser une tige à filetage, coupez avec une scie à métaux ou une meuleuse à toutes les longueurs souhaitées, et placez un écrou sur les deux côtés. Une option consiste à percer un trou supplémentaire dans le(s) entrenœud(s) que le boulon pénètre, et injecter du mortier de ciment pour une résistance accrue.

Un boulon à œil peut être utilisé en conjonction avec un boulon standard pour renforcer et serrer facilement un joint en gueule de poisson à angle droit. Un boulon standard est utilisé dans la partie creuse de l'entrenœud du bambou qui a la coupe en forme de gueule de poisson, et le boulon à œil est utilisé dans l'autre morceau de bambou. Les deux se croisent dans l'entrenœud creux, avec le boulon standard qui traverse l'œil du boulon à œil. Avec une rondelle et un écrou placés sur l'extrémité filetée du boulon à œil, chaque tour de l'écrou attirera le boulon à œil, le boulon standard passant par cet œil, et donc l'élément de bambou qui est joint à ce boulon standard. Cela vous permettra de réaliser un joint très serré, renforcé d'acier, qui pourra être resserré si nécessaire. Cette méthode peut également fonctionner sous différents angles, mais elle est plus délicate.

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Figure 20. Une bicyclette avec un cadre fabriqué avec du bambou, posée à côté du massif à partir de laquelle le bambou a été récolté. Source: Craig Bielema

Des boulons en acier sont également couramment utilisés pour fixer des barres d'armature ou des plaques d'acier au bambou, qui est lui-même intégré dans des fondations ou fixé à d'autres morceaux de bambou ou à d'autres éléments de construction. Cette méthode permet de renforcer les joints en gueule de poisson à différents angles ainsi que de fixer une structure de bambou au sol sans enfouir le bambou dans le sol, limitant ainsi son exposition à l'humidité et aux ravageurs.

Conclusion

Cette note technique est conçue comme une introduction aux principes généraux de construction en bambou. Il y a beaucoup d'espèces de bambou, de méthodes de conservation, de joints et d'attaches qui n'ont pas été abordés. Mais nous espérons qu’avec une compréhension générale des principes sous-jacents, vous serez en mesure de tester, découvrir et inventer un éventail de techniques spécifiques qui fonctionnent le mieux pour votre situation.

Références et ressources

Lopez, Oscar Hidalgo. Bamboo: The Gift of the Gods [Le bambou: Le Don des dieux]. 2003

Cusack, Victor. Bamboo World [Le monde du bambou]. 1999

Farrelly, David. The Book of Bamboo [Le livre du bambou]. 1984

International Network for Bamboo And Rattan [Réseau international pour le bambou et le rotin ] (INBAR) - www.inbar.int

Guadua Bamboo - www.guaduabamboo.com

Adobe and Bamboo Research Institute [Institut de recherche sur Adobe et le Bambou] (ABARI) - www.abari.earth

Annexe I: Choix des espèces pour la construction

Nom botanique  Caractéristiques physiques Images
Bambusa oldhamii Grandit à 50 pieds de haut et produit de beaux poteaux droits de 2-3 pouces de diamètre. Branches épaisses mais un peu molles, minimales et faciles à récolter, car elles sont relativement ouvertes. TN92 Bambusa Oldhamii
Bambusa textilis Grandit 50 pieds de haut avec un diamètre de 1-2 pouces. Fort, mais à paroi mince et se fend très facilement. Idéal pour les projets de tissage, de clôture ou de palissage TN92 Bambusa textilis
Bambusa tuldoides Bambou très solide et à parois épaisses. Pousse 50 pieds de haut avec des chaumes de 2 pouces de diamètre. Difficile à récolter car il s'agit d'un bouquet serré avec des branches raides qui poussent à chaque nœud. TN92 Bambusa tuldoides
Dendrocalamus asper Gros bambou, pousse plus de 70 pieds de haut avec des chaumes de 4-6 pouces de diamètre. Idéal pour la construction, car il est long, droit et très solide. Parois très épaisses à la base mais plutôt minces aux autres endroits. Egalement de bonnes pousses pour la consommation. TN92 Dendrocalamus asper
Dendrocalamus validus Comparable à la taille de D. Asper, pas aussi droit, mais une épaisseur de paroi plus cohérente. Un bon bambou solide pour la construction. TN92 Dendrocalamus validus
Guadua angustifolia Excellent grand bambou pour la construction. Atteint 80 pieds de haut, 6 pouces de diamètre, très droit, bombement minimal aux nœuds, avec un espacement des nœuds constant, et des parois épaisses. Bouquet assez ouvert pour une récolte facile, mais faites attention aux branches épineuses. TN92 Guadua angustifolia

Annexe II: Comment construire une matrice à découper à partir d'un cadre de bicyclette

TN92 appendix 2 image 1Les haubans d'une bicyclette (le tuyau allant de la selle à la roue arrière) sont les meilleurs à utiliser pour faire des matrices de découpage de chevilles, car ils sont généralement longs, droits et ont un tube déjà soudé. Ce tube peut être un gousset se connectant à l'autre hauban et/ou un point de connexion pour le frein arrière, et il sera utile lors de la fixation de la matrice à un établi. Découpez la partie la plus longue et la plus droite possibles du tube de selle, en gardant tous les tubes soudés.

TN92 appendix 2 image 2Puisque le tuyau est conique, le diamètre des chevilles qu'il crée sera déterminé par le placement de la coupe sur la plus petite extrémité. Considérez quelles tailles de chevilles sont envisagées pour vos projets de construction, et quels forets sont disponibles pour percer le trou dans le bambou qui doit être chevillé. Parce que les chevilles passent généralement à travers deux ou plusieurs morceaux de bambou, il est très avantageux d'avoir des forets hélicoïdaux extra longs (25 cm ou plus). Ceux-ci peuvent être difficiles à trouver, et il n’y en a que quelques tailles (Si vous avez accès à un soudeur, essayez de le faire en soudant un foret à l'extrémité d'un tuyau ou d'une barre d'armature). J'ai trouvé que la fabrication de chevilles de ¼", ⅜" et ½"de diamètre fournit une gamme utile de taille et de résistance, et je garde une trousse de forets extra-longs correspondant à ces 3 tailles.

TN92 appendix 2 image 3Alors, trouvez le foret que vous allez utiliser pour l'arrimage, insérez-le dans l'extrémité de plus grand diamètre du tube conique, et poussez-le jusqu'à ce qu'il s'arrête. Il s'arrête parce qu’il a le même diamètre que l'endroit où il se trouve dans le tuyau, et c'est le point où vous voulez couper le tuyau. Bien sûr, vous ne pouvez pas voir où il se trouve à l'intérieur du tuyau, vous devez donc marquer le foret au point où il dépasse le tuyau, le retirer du tuyau, le poser à côté du tuyau, aligner la marque avec l'extrémité la plus large du tuyau, et marquer maintenant le tuyau où se trouve la pointe du foret. Maintenant, couper à cette marque se traduira par un tuyau conique avec son plus petit diamètre intérieur le même que le diamètre extérieur du foret que vous prévoyez d'utiliser pour percer des trous pour les chevilles. J'aime couper un peu au-delà de la marque (sur le côté du plus grand diamètre du tuyau conique), cela va créer des chevilles qui sont légèrement plus grandes que les trous qui sont percés pour eux, ce qui signifie un ajustement très serré.

TN92 appendix 2 image 4Maintenant que le tuyau a été coupé au bon endroit, aiguisez cette extrémité (à l'extérieur seulement), en utilisant une meuleuse, une lime et / ou une pierre à aiguiser. Maintenant, pour fixer la matrice à un dispositif, trouvez un foret avec le même diamètre extérieur que la grande extrémité du tube conique. Utilisez ce foret pour percer un trou sur toute l’épaisseur d'un grand morceau de bois. Enfoncez l'extrémité de diamètre large du tuyau conique dans le morceau de bois, jusqu'à ce que le tube soudé l'empêche d'aller plus loin. Maintenant, vous pouvez placer ce morceau de bois avec la matrice en saillie vers le haut sur un établi avec un trou qui permet aux chevilles de passer à travers.

Pour utiliser la matrice, placez un morceau carré de bambou au centre de la matrice et frappez le haut du morceau de bambou avec un maillet (utilisez un maillet souple, comme du bois ou du caoutchouc pour ne pas endommager les bords aiguisés de la matrice). Les bords aiguisés de la matrice vont raser les coins carrés, et une cheville uniformément ronde va tomber du fond.

 

Annexe III: Noeuds et arrimage

Nœud de cabestan
Utilisé pour fixer la corde à un poteau. Si utilisé seul, soyez prudent car il peut glisser.
Enroulez l'extrémité autour du poteau et sur la corde Clove Hitch image 1
Enroulez encore une fois autour du poteau et nouez sous la passe précédente Clove Hitch image 2
Tirer fort Clove Hitch image 3
Nœud de bois
Utile pour attacher une corde à un/des poteau (x)
Enroulez l'extrémité autour du poteau et sous la corde TN92 Timber Hitch image 1
Enroulez autour de la corde, puis passer à travers la boucle TN92 Timber Hitch image 2
Enroulez un certain nombre de fois autour de la corde TN92 Timber Hitch image 3
Tenez l'emballage contre le poteau TN92 Timber Hitch image 4
Tirer fort TN92 Timber Hitch image 5

 

Arrimage carré
Utile pour attacher deux poteaux qui se croisent à angle droit
Attachez un nœud de cabestan sur l'un des poteaux TN92 Square Lashing image 1
Enroulez la courte extremité autour de la longue TN92 Square Lashing image 2
Enroulez la longue extrémité sur le poteau supérieur et sous le poteau  inférieur alternativement TN92 Square Lashing image 3
Répétez ceci quelques fois TN92 Square Lashing image 4
Faites un enroulement complet autour d'un poteau. TN92 Square Lashing image 5
Enroulez autour des arrimages récents en passant sous le poteau supérieur et sur le poteau inférieur. On appelle cela le frapping TN92 Square Lashing image 6
Continuez le frapping un certain nombre de fois pour resserrer l'arrimage TN92 Square Lashing image 7
Terminez avec un ou deux nœuds de cabestan supplémentaires TN92 Square Lashing image 8
Arrimage en diagonale
Utile pour attacher deux poteaux qui se croisent à des angles oblique
Commencez avec un nœud de bois autour des deux poteaux TN92 Diagonal Lashing image 1
Enroulez un certain nombre de fois autour des deux poteaux sur un plan TN92 Diagonal Lashing image 2
Enroulez un certain nombre de fois autour des deux poteaux dans l'autre plan, perpendiculaire à la première TN92 Diagonal Lashing image 3
Enroulez autour de l'arrimage un certain nombre de fois TN92 Diagonal Lashing image 4
Terminez avec un ou deux nœuds de cabestan TN92 Diagonal Lashing image 5
Arrimage rond
Utile pour attacher deux poteaux parallèles ensemble
Attachez un nœud de cabestan autour des deux poteaux TN92 Round Lashing image 1
Enroulez autour des deux poteaux plusieurs fois TN92 Round Lashing image 2
Terminez avec un ou deux nœuds de cabestan TN92 Round Lashing image 3
Peut être utilisé pour les bipieds. Écartez les deux poteaux et l'arrimage se resserrera TN92 Round Lashing image 4
Peut également être utilisé dans l’épissure de deux poteaux ensemble pour faire un poteau plus long, en fixant deux arrimages ronds TN92 Round Lashing image 5
Arrimage de trépied
Utile pour fixer 3 poteaux ensemble pour former un trépied, qui est très stable et peut supporter beaucoup de poids.
Attachez un nœud de cabestan au premier poteau TN92 tripod lashing image 1
Enroulez sur le poteau du milieu, sous et autour du dernier poteau TN92 tripod lashing image 2
Puis enroulez sous le poteau central, ainsi qu’au-dessus et autour du premier poteau TN92 tripod lashing image 3
Continuez cette séquence d'enroulement plusieurs fois TN92 tripod lashing image 4
Faites le frapping entre le premier poteau et celui du milieu TN92 tripod lashing image 5
Faites le frapping  entre le poteau du milieu et le dernier poteau TN92 tripod lashing image 6
Tirez bien et terminez avec un ou deux nœuds de cabestan TN92 tripod lashing image 7
Croisez le premier et le dernier poteau sous l’arrimage et écartez tous les poteaux pour former un trépied TN92 tripod lashing image 8
Double nœud de pêcheur
Ceci est utile pour attacher deux cordes ensemble. C'est aussi un excellent moyen de lier deux extrémités de la même corde en formant une boucle.
Superposez généreusement les deux cordes TN92 Double Fisherman's Bend image 1
Enroulez une extrémité autour des deux cordes TN92 Double Fisherman's Bend image 2
Enroulez-la à nouveau autour des deux cordes TN92 Double Fisherman's Bend image 3
Passez l’extrémité à travers les deux boucles qui ont été créées TN92 Double Fisherman's Bend image 4
Tirez fort TN92 Double Fisherman's Bend image 5
Répétez ce processus pour l'autre extrémité TN92 Double Fisherman's Bend image 6
Les deux nœuds vont se bloquer l'un contre l'autre TN92 Double Fisherman's Bend image 7
Boucle à tortillon tendu
C'est une simple boucle faite avec un double nœud de pêcheur, et tendue en tordant un bâton
Le double nœud de pêcheur peut être attaché en utilisant les deux extrémités d'une seule corde, résultant en une boucle TN92 twist loop image 1
Attachez le double nœud de pêcheur pas solidement autour de tous les poteaux que vous voulez joindre les uns aux autres TN92 twist loop image 2
Insérez un autre petit poteau pour tendre la boucle TN92 twist loop image 3
Torsadez le petit poteau  pour tendre la boucle. Lorsqu’il est serré, fixez le plus petit poteau afin qu'il ne se déroule pas. Cet arrimage peut être facilement resserré plus tard TN92 twist loop image 4

Citer cet article comme:

Bielema, C. 2018. Le bambou dans la construction. Note Technique no 92.