Par: Brian Flanagan en tant que projet de MEAS (Modernizing Extension and Advisory Services) financé par USAID
Publié: 01/05/2015


Introduction

L'agriculture dans les pays en développement joue un rôle important dans la réduction de la pauvreté et le développement économique. Beaucoup d'efforts pour améliorer le secteur de l'agriculture dans les pays en développement, où les femmes en moyenne constituent 43 pour cent de la main-d’œuvre agricole, ont été infructueuses en partie parce que les stratégies ont négligé le rôle des femmes et les effets des inégalités entre les sexes sur la productivité. Dans les pays en développement, le pourcentage de femmes qui composent la main-d’œuvre est le plus élevé en Asie de l'Est (50 %) et en Afrique subsaharienne (50 %) et le plus bas en Amérique latine (20 %). On estime qu'en diminuant l'inégalité des sexes, en termes d'accès aux ressources et aux services, les femmes agricultrices (Fig. 1) pourraient augmenter les rendements de 20 à 30 pour cent, augmentant la productivité agricole dans les pays en développement de 2,5 à 4 pour cent (FAO 2011).

ECHO Summary - MEAS Brief #2 : Figure 1

Figure 1: Une femme travaillant dans son potager (Source: Brian Flanagan).

Pour faire des profits dans le secteur de l'agriculture, les agriculteurs doivent avoir accès à l'information, des compétences et des outils. Le contact entre les agents de vulgarisation et les agriculteurs est très limité dans de nombreux pays, en particulier parmi les femmes agricultrices. Même lorsque les services de vulgarisation sont disponibles, beaucoup sont biaisés en faveur des hommes et négligent le rôle des femmes en tant qu’agricultrices. Les agents agricoles, dans le processus de mise en œuvre de divers projets de développement, sont souvent ceux qui tentent de répondre aux besoins de vulgarisation des agriculteurs ruraux. Pour atteindre tous les agriculteurs, les agents de développement agricole doivent utiliser des approches qui sont sensibles au genre.

Cet article est tiré de la Note d’Information n ° 2 de MEAS, intitulé Reducing the Gender Gap in Agricultural Extension and Advisory Services: How to Find the Best Fit for Men and Women Farmers (Réduire l'écart entre les sexes dans les services de vulgarisation agricole et de conseil : Comment trouver le meilleur ajustement pour les hommes et les femmes agriculteurs). Bon nombre des sujets et des leçons liées au genre abordés dans la Note d’Information de MEAS s’appliquent également au transfert des connaissances et des ressources que les agents de développement agricole fournissent dans leurs projets. Ce document traitera du cas de l'égalité des sexes dans la vulgarisation de l'agriculture, et examinera plusieurs obstacles liés au genre et comment ceux-ci peuvent être surmontés.

L’argument en faveur de l'égalité des sexes dans la vulgarisation

L’argument en faveur de l'égalité des sexes dans les services de vulgarisation peut se faire à partir des points de vue de « développement » et de « rentabilité ». Le point de vue de la « rentabilité » se concentre sur l'amélioration de l'efficacité et des résultats alors que la perspective de « développement » met l'accent sur la nécessité d'éliminer les inégalités.

L’analyse de la rentabilité pour une meilleure égalité entre les sexes dit que l'égalité des sexes va :

  • Faciliter un plus grand impact sur les compétences et la productivité agricoles. L'application de l'égalité des sexes dans les projets agricoles assure que les technologies et les connaissances appropriées atteignent la femme ou l'homme qui effectue des tâches agricoles spécifiques dans un ménage.
  • Assurer un flux durable de produits de qualité. Les femmes qui travaillent dans le secteur agricole devraient jouir des avantages économiques de leur travail. Des incitations pour les femmes à participer à la chaîne de valeur permettront de garantir la fourniture de produits de qualité pour le marché.
  • Conduire à de nouvelles opportunités d'affaires. Les programmes de vulgarisation devraient encourager les femmes à être impliquées dans les chaînes de valeur de marché, étant à la fois fournisseuses d'intrants et développeuses de nouveaux produits clés. Ceci assurera que les femmes continuent de participer à des chaînes de valeur, du moment où ces chaînes deviennent officielles. Autrement, les femmes peuvent se sentir hésitantes à prendre part à des chaînes de valeur contrôlées par les hommes.

L’argument du développement pour accroître l'égalité des sexes dit que l'égalité des sexes va :

  • Conduire à l'adoption de pratiques agricoles et d’intrants améliorés. Cette adoption renforce la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté lorsque toute la famille (hommes et femmes) a accès, par la vulgarisation, aux compétences et à l’information dont ils ont besoin.
  • Permettre aux humains de vivre libérés de toute discrimination. L’accroissement de l'égalité entre les sexes donne aux hommes et aux femmes l'accès à l'éducation, aux compétences et aux opportunités d'emploi.
  • Augmenter la nutrition des ménages grâce à la participation des femmes dans la production alimentaire des ménages. Des études ont également montré une forte corrélation entre l'accès des femmes aux revenus et des investissements plus importants dans la santé et l'éducation des enfants.

Que l'on prenne l'approche de la rentabilité ou celle du développement, la lutte contre les inégalités entre les sexes dans les services de vulgarisation produit des résultats plus larges et plus durables.

Les barrières liées au sexe

Pour élaborer des programmes de vulgarisation qui traitent de l'inégalité des sexes, les agents de développement agricole doivent être conscients des obstacles liés au genre dans leurs projets. Cette section aborde les obstacles éventuels dans les programmes de vulgarisation agricole et comment ces obstacles peuvent être surmontés.

Identification de l'agriculteur

Dans l'élaboration d'un programme de vulgarisation, les personnes qui bénéficient des services doivent être identifiées. Dans de nombreux programmes de vulgarisation et de développement, les bénéficiaires sont souvent soit le chef de ménage, les propriétaires fonciers, ou les personnes à revenu agricole. Comme expliqué ci-dessous, la sélection des bénéficiaires potentiels des services en utilisant l'une de ces catégories peut renforcer l'inégalité des sexes.

Le chef de ménage

Le chef de ménage est souvent défini comme l’agriculteur primaire, considéré par de nombreuses institutions comme l'homme de la maison. Cela conduit à ce que l'information doive être transmise à l'homme avec l'espoir que les informations pertinentes à l’endroit des femmes qui travaillent seront relayées par lui.

La propriété foncière

La majorité des terres dans les pays en développement est possédée par les hommes. Cela s’explique souvent par diverses normes sociales, juridiques, et coutumières. Si les programmes de vulgarisation agricole ne ciblent que les propriétaires fonciers, alors la plupart des femmes n’auront pas un accès direct aux services ou aux nouvelles connaissances agricoles.

Les personnes à revenu agricole

Certains services sont fournis aux agriculteurs en fonction de la destination de leurs cultures (par exemple, le marché ou le ménage). Souvent, les cultures destinées aux marchés sont considérées comme les cultures des hommes, tandis que celles produites pour le ménage sont considérées comme les cultures des femmes. Les efforts de vulgarisation peuvent renforcer ces stéréotypes de genre si elles marquent des cultures comme pour hommes ou pour femmes. En réalité, il y a souvent une variabilité de la mesure dans laquelle les hommes, en comparaison des femmes, contrôlent les revenus provenant de la vente de cultures. De même, le niveau de collaboration entre les hommes et les femmes dans la production alimentaire peut également varier en fonction de la culture produite et comment elle est traitée et commercialisée. Les agents de développement agricole feraient bien de simplement fournir des services aux personnes qui se considèrent comme des agriculteurs et de répondre aux besoins des agriculteurs en fonction de leurs activités et leurs préférences. Une façon efficace de le faire est de diffuser des programmes intersectoriels ayant pour cible plus d'un segment de la population. Par exemple, les programmes qui mettent la vulgarisation agricole en lien avec l'éducation nutritionnelle peuvent être très efficaces en étant profitables tant aux hommes qu’aux femmes. Cela encouragerait la collaboration entre les hommes et les femmes au niveau des ménages.

ECHO Summary - MEAS Brief #2 : Figure 2

Figure 2: Un groupe mixte de femmes et d’hommes dans un petit atelier de discussion de groupe (Source: Brian Flanagan).

Rendre les méthodes de vulgarisation appropriées aux différents sexes

Advising and teaching farmers requires various means of delivery. When considering different methods of instruction, agriculture development workers should consider gender-appropriate approaches and techniques to reach many types of farmers who have different needs in an array of settings.

L'utilisation de groupes d'agriculteurs

L'utilisation de réunions communautaires, d’organisations communautaires, d’associations de producteurs et de coopératives a longtemps été employée comme un moyen d'accroître la portée des programmes de vulgarisation. En général, ces approches visent une personne par ménage, le résultat étant que les participants sont généralement limités aux propriétaires fonciers ou à des personnes d'un niveau d’éducation ou de statut social supérieur. Dans ces groupes, les hommes participent souvent plus que les femmes, et les agriculteurs pauvres en ressources peuvent être exclus.

Par conséquent, lorsque vous utilisez des groupes d'agriculteurs comme un moyen d’action de vulgarisation, il faut prendre soin de rendre la participation et l'adhésion aussi équitables que possible. Cela peut être fait par l'ouverture de l’inscription à plusieurs membres de la famille ou en ciblant les femmes en particulier. Certaines organisations ont mis un quota sur le nombre de femmes qui assistent à des formations ou réunions pour encourager la participation des femmes. Les agents de développement doivent également être conscients que, même si les femmes participent, les normes de genre peuvent les empêcher de prendre un rôle actif dans la discussion en présence des hommes. Les femmes sont souvent empêchées de jouer des rôles de leadership en raison de préjugés sur leurs compétences.

Tant les groupes mixtes que non mixtes peuvent augmenter la participation des femmes et améliorer les résultats du programme, en fonction du contexte. Les femmes participant à des groupes mixtes peuvent potentiellement élargir leurs options en puisant dans les réseaux, les ressources et les informations des hommes (Fig. 2). D'autre part, les femmes peuvent se sentir incapables de participer activement à cause des normes locales. Pour faire en sorte que les opinions des femmes soient entendues, des groupes mixtes peuvent être répartis en petits groupes en fonction du sexe ou d'autres variables sociales pour certaines activités. Les femmes participant à un groupe entièrement féminin peuvent gagner en confiance et être libérées des normes qui influencent la façon dont les hommes et les femmes interagissent dans ces cadres. Cela permet aux femmes de travailler ensemble pour trouver des solutions et de développer des compétences en leadership. Là où il y a un haut degré de ségrégation entre les sexes, on peut avoir besoin d’utiliser des groupes non mixtes. Les agents de développement agricole doivent être conscients des dynamiques locales liées au genre et ajuster les techniques de communication pour les adapter à la situation locale.

ECHO Summary - MEAS Brief #2 : Figure 3

Figure 3: Une réunion tenue au sein d’une communauté, permettant ainsi à un plus grand nombre de femmes d’y assister (Source Brian Flanagan).

Accommoder le temps et la mobilité

Les femmes peuvent avoir peu de temps libre du fait qu’elles sont souvent responsables de nombreuses tâches telles que l'agriculture, les travaux ménagers, et les activités communautaires. Les stratégies de diffusion de l'information doivent tenir compte des contraintes de temps et être situées à un endroit pratique permettant aux femmes de se rencontrer (Fig. 3). Une façon d'accueillir les femmes est de procéder à une série de sessions de formation de courte durée à proximité, en réduisant ainsi le temps qu'elles auraient besoin de passer loin de la maison. Une autre façon d'encourager la participation des femmes est de fournir des services de garde d'enfants.

Adaptation aux différents niveaux d'éducation et d'alphabétisation

Bien que le taux d'alphabétisation soit en augmentation dans le monde pour les femmes, il est souvent plus faible dans les zones rurales des pays en développement. Comme l'écart entre l'alphabétisation des adultes chez les hommes et les femmes est également important dans de nombreuses régions du monde, les méthodes de transfert des connaissances doivent être appropriées pour les agriculteurs analphabètes. Certaines organisations ont réussi à utiliser les technologies de l'information et de la communication innovantes (TIC) pour atteindre les agricultrices par les méthodes de téléphone cellulaire et de radio. Cela peut être efficace dans les zones disposant des infrastructures appropriées, mais l'accès des femmes aux ressources financières et aux TIC devraient être pris en compte lors de l'élaboration des programmes.

Les ressources humaines pour le développement et la vulgarisation agricoles

Les organisations de développement agricole doivent avoir les compétences et les ressources nécessaires pour répondre aux différents besoins des hommes et des femmes agriculteurs. Par conséquent, les organisations doivent être en mesure de créer l'égalité des chances pour les femmes et les hommes et devraient employer du personnel approprié avec une formation adéquate.

ECHO Summary - MEAS Brief #2 : Figure 4

Figure 4: Une femme agronome présentant un exposé lors d'un atelier d’agriculteurs (Source: Brian Flanagan).

Le recrutement d'agents féminins de vulgarisation

Bien qu'il ne soit pas nécessaire d'embaucher des agents de vulgarisation exclusivement féminins pour travailler avec les femmes agricultrices, il est important d'identifier des stratégies qui répondent mieux et qui sont sensibles aux questions de genres (Fig. 4). L'augmentation de la quantité d'agents féminins de vulgarisation peut être l'une de ces stratégies.

Les défis de recrutement et de maintien des agents féminins de vulgarization :
  • Le nombre réduit de femmes instruites dans le secteur de l'agriculture
  • Les obligations familiales limitant la capacité d’affectation à des endroits éloignés
  • Les questions de harcèlement sexuel ou de sécurité dans certaines régions
  • Le manque de mobilité en raison des restrictions culturelles sur les femmes
Stratégies pour surmonter une pénurie d’agents féminins de vulgarization :
  • Recruter des femmes agricultrices qui sont actives dans la communauté et les former de manière appropriée
  • Employer des célibataires récemment diplômées qui peuvent voir une mission sur le terrain comme un saut de carrière
  • Utilisez des quotas pour la participation des femmes dans les organisations de développement de l'agriculture
  • Fournir des incitatifs, tels que des salaires plus élevés
Renforcer la capacité des membres du personnel

Les agents de vulgarisation de sexes masculin et féminin ne doivent pas seulement être formés sur des sujets liés à l'agriculture, mais doivent être formés sur la sensibilité au genre et aux dynamiques socio-culturelles locales. Les agents doivent être préparés à mener des visites participatives appropriées aux genres. Cela nécessite de fournir aux agents des connaissances et des compétences pour traiter les agriculteurs féminins et masculins équitablement.

Conclusion

L'agriculture dans les pays en développement peut être une méthode d'augmentation de la croissance économique et de réduction de la pauvreté, mais les efforts pour améliorer ce secteur sont souvent insuffisants en raison de l'inégalité des sexes dans les méthodes et les services de vulgarisation fournis. Les agents de développement agricole peuvent combler cette lacune en fournissant des services appropriés aux genres. Cela peut être fait en identifiant et en fournissant correctement des services à l'organe approprié de la maison, en rendant les méthodes de vulgarisation sensibles aux questions de genre, et en recrutant et en formant du personnel qui peut répondre à des questions de genre dans le secteur agricole.

Références

Food and Agriculture Organization (FAO). 2011. The state of food and agriculture 2010-2011 (L'état de l’alimentation et de l'agriculture 2010-2011). Rome: FAO.

Manfre, Cristina, Deborah Rubin, Andrea Allen, Gale Summerfield, Kathleen Colverson, and Mercy Akeredolu. 2013. Brief #2: Reducing the Gender Gap in Agricultural Extension and Advisory Services: How to Find the Best Fit for Men and Women Farmers (Note d’Information n ° 2 : Réduire l'écart entre les sexes dans les services de vulgarisation agricole et de conseil: Comment trouver le meilleur ajustement pour les hommes et les femmes agriculteurs). Modernizing Extension and Advisory Services.

Further Reading

Documents de Discussion de MEAS :

Manfre, Cristina, Deborah Rubin, Andrea Allen, Gale Summerfield, Kathleen Colverson, and Mercy Akeredolu. 2013. Discussion Paper #2: Reducing the Gender Gap in Agricultural Extension and Advisory Services (Document d’orientation n ° 2 : Réduire l'écart entre les sexes dans les services de vulgarisation agricole et de conseil). Modernizing Extension and Advisory Services.

Notes Techniques  de MEAS :

Rubin, Deborah, and Cristina Manfre. 2012. Technical Note on Applying Gender-Responsive Value-Chain Analysis in EAS (Note technique sur l'application de l’analyse de la chaîne de valeur sensible au genre dans les SVA [Services de Vulgarisation Agricole]). Modernizing Extension and Advisory Services.

Modules de formation de MEAS :

Colverson, Kathleen. 2012. Integrating Gender into Extension Services (Intégration du genre dans les services de vulgarisation). Modernizing Extension and Advisory Services.

Études de cas de MEAS :

Gale, Chris, Kathleen Collett, and Piera Freccero. 2013. Delivering Extension Services through Effective and Inclusive Women’s Groups: The Case of SEWA in India (Fournir des services de vulgarisation à travers des groupes de femmes efficaces et inclusifs : le cas de SEWA en Inde). City and Guilds Centre for Skills Development, MEAS Case Study 5.

Hird-Younger, Miriam, and B. Simpson. 2013. Case Study: Women Extension Volunteers: An Extension Approach for Female Farmers (Étude de cas : les agents féminins de vulgarisation volontaires: Une approche de vulgarisation pour les femmes agricultrices). Modernizing Extension and Advisory Services.

Kingiri, Ann, and Serah Nderita. 2014. Assessment of Extension and Advisory Methods and Approaches to Reach Rural Women: Examples from Kenya (Évaluation des méthodes et approches de vulgarisation et de conseil pour atteindre les femmes rurales : Exemples du Kenya). Modernizing Extension and Advisory Services.

Manfre, Cristina, and Caitlin Nordehn. 2013. Exploring the Promise of Information and Communication Technologies for Women Farmers in Kenya (Explorer les mérites des technologies de l'information et de la communication pour les femmes agricultrices au Kenya). Cultural Practice, LLC, MEAS Case Study 4.

Sulaiman, Rasheed, and T.S. Vamsidhar Reddy. 2014. Assessment of Extension and Advisory Methods and Approaches to Reach Rural Women: Examples from Bangladesh (Évaluation des méthodes et approches de vulgarisation et de conseil pour atteindre les femmes rurales : exemples du Bangladesh). Modernizing Extension and Advisory Services.

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