Par: Stacy Swartz
Publié: 06/07/2021


L’une des décisions les plus importantes que prend un agriculteur au cours d'une saison agricole est de savoir comment lutter efficacement contre les parasites pour préserver la productivité et la valeur économique d'une culture. La réaction d'un agriculteur lorsqu'il voit des ravageurs dans ses cultures ou ses céréales est d'intervenir pour protéger ses moyens de subsistance. Les deux premiers articles de cette série sur la lutte intégrée se sont focalisés sur les stratégies de lutte préventive contre les ravageurs [http://edn.link/prevent] et sur l'observation des populations de ravageurs [http://edn.link/ipm2] pour déterminer quand intervenir. Cet article traite des stratégies de suppression pour réduire les populations de ravageurs une fois que vous avez décidé d'intervenir (figure 1). Le dernier article de cette série traitera de la façon d'évaluer les stratégies utilisées et des moyens d'améliorer votre plan de lutte intégrée au fil du temps.

EDN152 French Figure 1

Figure 1. Étapes d'un exemple de cycle de lutte intégrée. La planification peut commencer à n'importe quel stade du cycle, et l'ordre des étapes est flexible. L'icône de la pyramide indique les stratégies qui préviennent ou éliminent les insectes ravageurs. Source: Adapté de farmbiosecurity, Creative Commons Attribution 3.0 license

Des contraintes potentielles  

Il existe de nombreuses stratégies d'intervention pratiquées au niveau régional pour lutter contre les ravageurs, mais les informations sont limitées quant aux pratiques qui sont efficaces contre des ravageurs spécifiques et dans quelles conditions. Tesfaye et Gautam (2003) ont passé en revue 26 pratiques traditionnelles de lutte contre les ravageurs utilisées en Inde et en Éthiopie, dont beaucoup doivent être validées ou révisées. Il existe un grand besoin d'évaluation supplémentaire des méthodes de lutte antiparasitaire pratiquées localement et d'adaptation des méthodes efficaces de lutte antiparasitaire aux contextes régionaux.

Jason Weigner, membre du réseau, a partagé cet avis :

Toute personne travaillant avec des agriculteurs locaux devrait passer du temps à s'informer sur les techniques locales de lutte contre les ravageurs. Il y a de fortes chances que vous trouviez des choses qui ne fonctionnent pas vraiment, mais vous pouvez aussi trouver de véritables joyaux. Cela fait des années que je recherche et expérimente des moyens de lutter contre les mégachiles. Malheureusement, la plupart des solutions que j'ai trouvées sont coûteuses, prennent du temps ou utilisent des produits chimiques. Un jour, alors que je me promenais avec un Bolivien avec qui je travaille et que je regardais les arbres défoliés par les fourmis coupeuses de feuilles, il m'a dit : «Il nous faut du coton». Dès qu'il m'a parlé d'envelopper les troncs avec du coton, j’ai compris sa logique. Elles s'emmêlent dans les fibres de coton et préfèrent donc aller chasser ailleurs. Une solution si simple et peu coûteuse trouvée localement.

La perception des différentes méthodes de lutte varie d'une région à l'autre. Là où les insecticides de synthèse sont disponibles et acceptés, les agriculteurs ne sont pas toujours informés sur le mélange et la manipulation appropriés des pesticides, l'élimination des contenants de pesticides et l'utilisation des équipements de protection individuelle (EPI). En outre, la manipulation des pesticides et les efforts de réglementation ne sont pas toujours cohérents ou appliqués.

Des contraintes telles que celles-ci déterminent la manière dont les agriculteurs interviennent pour lutter contre les ravageurs. Le reste de cet article traite des options d'intervention qui peuvent aider à maîtriser les populations de ravageurs.

Options d'intervention

Donnez toujours la priorité aux options de lutte contre les ravageurs qui s'adaptent au contexte local et font recours aux ressources disponibles localement. Si une intervention nécessite des ressources extérieures à la communauté, vous devez d'abord envisager d'autres alternatives. Essayez d'établir des systèmes qui garantiront l'accès et la disponibilité à long terme de ces ressources. Il vous faudra peut-être:

  • soutenir l'esprit d'entreprenariat local,
  • élaborer un plan de gestion de l'organisme ravageur à l'échelle de la zone, afin que la charge incombe à l'ensemble de la communauté plutôt qu'à des agriculteurs individuels, ou bien 
  • mettre en place des systèmes de soutien gouvernemental ou organisationnel.

De plus, évaluez si une pratique sera culturellement appropriée. Cherchez à connaître l'opinion et les sentiments des membres de la communauté qui pourraient être affectés par le plan de lutte contre les ravageurs. . 

EDN152 French Figure 2

Figure 2. Catégories de méthodes de lutte (à droite) et exemples de stratégies (à gauche) pour la lutte antiparasitaire suppressive. Source: Stacy Swartz

Lors du choix des options de lutte contre les ravageurs, utilisez les interventions qui sont efficaces, qui ont le moins d'impact sur la communauté et l'environnement environnants, et qui sont complémentaires lorsqu'elles sont intégrées. Lorsqu'on ne dispose pas d'informations sur une espèce ou une culture spécifique, il peut être nécessaire de tester des stratégies potentielles sur une petite zone afin de déterminer celle qui est la plus efficace. Parfois, les changements saisonniers normaux suffisent à maîtriser les maladies ou les ravageurs, sans autre intervention que l'ajustement du moment de la plantation. Par exemple, les maladies qui prospèrent dans des conditions humides peuvent pratiquement disparaître pendant la saison sèche. Cet article présente les options suppressives pour les situations qui nécessitent une intervention en réponse à des maladies ou des ravageurs observés. Les options de lutte contre les ravageurs sont abordées en-dessous des catégories mentionnées dans la figure 2.

Options culturales

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Figure 3. Plant de tomate en pot avec un minimum de feuilles restantes, surtout à la base. Source: Stacy Swartz

Les mesures de lutte culturale modifient l'environnement autour des plantes pour le rendre moins favorable aux ravageurs. Les ravageurs de votre/vos culture(s) principale(s) peuvent également être hébergés par d'autres espèces de plantes poussant dans ou près de votre champ ou jardin. Le fait d’éliminer ou de tailler ces plantes hôtes alternatives peut aider à réduire la population de ravageurs. Si vous faites recours de même à la lutte biologique, préservez – autant que possible – les arbres, les arbustes ou les mauvaises herbes proches de votre culture que les prédateurs naturels utilisent comme refuge, pour se nourrir et pour la nidification. Vous pouvez également faire usage de pratiques culturales sur votre culture principale (tableau 1). Les plants de tomates, par exemple, peuvent être gérés de manière à limiter les maladies bactériennes et fongiques. L'humidité dans le feuillage est la plus élevée autour des feuilles les plus proches du sol, c'est pourquoi ces maladies transmises par l'eau infectent généralement d'abord les feuilles inférieures, puis se propagent vers le haut au reste du feuillage. Lorsque vous enlevez les feuilles inférieures des tomates, vous réduisez l'humidité près de la surface du sol en augmentant le flux d'air (figure 3). En procédant ainsi tôt dans la saison, vous réduisez le développement des maladies en début de saison.

Tableau 1. Pratiques, description des pratiques et exemples spécifiques d'interventions culturales.
Stratégie Description Exemple 
Enlevez les parties/individus malades Avec des outils stériles1, taillez les parties de plantes (feuilles) ou les plantes entières qui sont fortement malades ou infestées. Pour les Cucurbitas (par exemple, les citrouilles) présentant des dégâts excessifs causés par les moisissures, vous pouvez enlever les feuilles fortement infestées et les donner aux animaux. Ne faites pas de paillage avec ces feuilles, car l'agent pathogène peut encore se propager.
Eliminez les plantes hôtes alternatives Avec des outils stériles1, éliminez les plantes hôtes alternatives qui sont fortement malades, infestées ou qui hébergent des vecteurs. Si vous cultivez des agrumes, retirez l'arbre à feuilles de curry (Murraya koenigii) ou l'oranger jasmin (Murraya paniculata), qui sont les hôtes des psylles asiatiques des agrumes qui propagent la maladie du dragon jaune (Gast et al., 2018).
Utilisation de systèmes d'irrigation efficaces Pour réduire les maladies transmises par l'eau, irriguez en fonction des besoins des plantes et dirigez l'eau vers la base des tiges des plantes. Passez de l'irrigation par aspersion (qui mouille les feuilles) à l'irrigation au goutte-à-goutte ou à l'arrosage manuel à la base des plantes. Soutenez les plantes à l'aide de piquets ou de treillis afin de minimiser le contact des feuilles des plantes avec l'humidité à la surface du sol.
1Les outils peuvent être stérilisés avec de l'alcool isopropylique, du vinaigre, de l'eau de Javel ou à haute température pour tuer les agents pathogènes qui peuvent se trouver sur l'outil provenant d'une utilisation précédente.

 

Options mécaniques/physiques

EDN152 Figure 4

Figure 4. Argile kaolin pulvérisée sur un plant de tomate en pot. Source: Stacy Swartz

EDN152 Figure 5

Figure 5. Un seau d'eau savonneuse avec des punaises lézardées (Hemiptera). Source: Annie D.

Les interventions mécaniques de lutte contre les ravageurs sont généralement classées en deux catégories: passives et actives. Les options passives comprennent les pellicules, les poudres, les huiles, les savons et les pièges. Les pellicules telles que la kaolinite (figure 4) peuvent dissuader les insectes de se poser sur les plantes et/ou les empêcher de s’en nourrir, mais ces pellicules doivent être réappliquées lorsque la plante génère une nouvelle croissance. Des poudres comme la terre à diatomées peuvent être placées autour de la base des plantes pour empêcher les insectes rampants d'accéder à la plante. Des poudres peuvent également être placées sur les feuilles pour empêcher les ravageurs de s’en nourrir. Les huiles et les savons qui tuent les ravageurs sont des mesures de lutte physiques parce que leur effet est à court terme et qu'ils agissent physiquement sur le ravageur en l'étouffant ou en décomposant les tissus extérieurs sensibles. Les huiles et les savons doivent entrer en contact avec les ravageurs et sont les plus efficaces contre les insectes à ventre mou comme les pucerons, les cochenilles, les aleurodes, les tétranyques et les lécanies. Des applications répétées sont souvent nécessaires pour maîtriser une population car les huiles et les savons sont plus efficaces pour contrôler les jeunes individus. Les pièges sont principalement utilisés pour surveiller les ravageurs mais peuvent avoir des applications pour réduire les populations de ravageurs (tableau 2). Il est difficile de contrôler des populations importantes ou denses avec des pièges.

Les options de lutte mécanique active comprennent le ramassage manuel et l'élimination des ravageurs, les aspirateurs ou les souffleurs (pneumatiques) et l'immersion dans l'eau chaude. Le ramassage manuel des ravageurs sur vos plantes fonctionne bien pour les petites surfaces. Jason Weigner a partagé ce point de vue :

C'est un travail formidable pour lequel on peut faire appel aux enfants du quartier. Dans un village Ayore, on m'a demandé d'aider à lutter contre les cantharides qui mangeaient tous leurs piments. Il y avait juste assez de buissons pour que nous puissions les combattre rapidement en transformant la situation en un jeu avec les enfants. Nous avons fabriqué des pinces à scarabées à l'aide de bouteilles de coca avec de l'eau savonneuse dans le fond et c'était une course pour voir qui pouvait en attraper le plus!

Vous pouvez tirer ou écraser les chenilles à la main. Les scarabées, les punaises et autres gros insectes peuvent être mis dans un seau d'eau savonneuse. Le savon brise la tension de l'eau, ce qui fait que les insectes se noient dans le seau (figure 5). Des aspirateurs de faible technicité aspirent les parasites des plantes dans des récipients qui sont ensuite jetés dans de l'eau savonneuse ; cette méthode est surtout utilisée pour collecter des spécimens en vue de l'identification des parasites. L'immersion dans l'eau chaude tue efficacement les mouches téphritides des fruits immatures (Diptera : Tephritidae) à l'intérieur des fruits de la mangue (Vincent et al., 2002).

Tableau 2. Pratiques, description des pratiques et exemples spécifiques d'interventions mécaniques.
Stratégie Description Exemple 
Ramassage 
(à la main)
Ramassez les insectes à la main et mettez-les dans un récipient d'eau savonneuse ou secouez-les de la plante directement dans le récipient. Les punaises pentatomes (famille des Pentatomidae) endommagent les tomates, les grains de riz, et bien d'autres choses encore. Ramassez à la main les punaises pentatomes adultes le matin, pendant qu'elles sont engourdies. Cette pratique peut contribuer à diminuer les populations si elle est mise en œuvre tôt (peu après la détection des punaises puantes).
Culture Les mauvaises herbes sont éliminées en grattant la surface du sol avec un outil. L'outil coupe les pousses des racines des mauvaises herbes ou enterre complètement les mauvaises herbes. Une sarcleuse à étriers ou une ratissoire oscillante est utilisée pour couper les mauvaises herbes juste en dessous ou à la surface du sol.
Pièges Des pièges sont souvent utilisés pour la surveillance, mais peuvent également servir à maîtriser les populations de ravageurs dans des zones plus petites en éliminant des stades de vie spécifiques du ravageur ou en réduisant le nombre total. Les pièges collants dans les pépinières ou les serres peuvent aider à maîtriser les populations d'aleurodes s'ils sont installés tôt, lorsque la population est moindre. Ils ne sont efficaces que contre les aleurodes adultes.. 
Autres modifications mécaniques La modification de l'environnement des plantes ou des semences peut tuer certains stades de vie des organismes ravageurs ou des populations entières d'organismes ravageurs. Songez au: Chauffage solaire pour le charançon du niébé (Callosobruchus maculatus ; personnel de ECHO, 1992).

 

Il existe également des techniques mécaniques/physiques pour combattre les ravageurs et les maladies dans les semences ou les grains stockés. Le polissage des grains pour enlever l'enveloppe extérieure de la graine avec des moulins mécaniques aide à éliminer les ravageurs avant le stockage. Une fois stockées, les céréales doivent être conservées dans des récipients hermétiques pour éviter les parasites et l'humidité ; des conditions sèches empêchent la croissance des moisissures. Vous pouvez également réduire ou remplacer l'oxygène pour modifier physiquement l'environnement dans les récipients de stockage scellés, tuant ainsi les parasites de stockage ou minimisant lesdégâts qu'ils causent. Des techniques telles que le vide et le remplacement de l'oxygène par du dioxyde de carbone sont examinées par Motis (2020) dans EDN 146 [http://edn.link/lowoxygen].

Les options biologiques «complètent la réponse»

La lutte biologique réduit les ravageurs par la gestion d'autres organismes vivants. Les approches biologiques de la lutte contre les ravageurs sont écologiquement rationnelles, sans danger pour l'environnement et se perpétuent d'elles-mêmes. La plupart des prédateurs naturels sont spécifiques à une espèce et ne constituent donc pas une menace pour les espèces non ciblées telles que les  pollinisateurs [http://edn.link/6ryxxy]. Enfin, la lutte biologique apporte de la stabilité à un agroécosystème au fil du temps ; cela se produit lorsque les populations de ravageurs sont réduites, que les fluctuations des populations de ravageurs sont modérées et que moins d'interventions sont nécessaires. La lutte biologique seule n'est pas susceptible de résoudre un problème de ravageurs. Elle complète plutôt les autres stratégies de lutte, favorisant l'efficacité à long terme d'un plan de lutte intégrée.

Les prédateurs naturels sont probablement déjà présents et actifs dans votre région. Vous pouvez ajouter une composante biologique à votre stratégie de lutte intégrée en permettant simplement à ces prédateurs de prospérer. Pour obtenir des idées sur la façon d'attirer et de maintenir les prédateurs naturels dans votre jardin, lisez la section sur la gestion de l'habitat [http://edn.link/i#habitat] de l'article sur la prévention des ravageurs. 

Vous pouvez également réintroduire des prédateurs naturels qui sont natifs d'une région mais qui l'ont quittée. Ce processus, appelé augmentation, est plus facile à mettre en œuvre s'il existe déjà des habitats de soutien qui peuvent accueillir des prédateurs naturels tout au long de l'année ; sans de tels habitats, l'agriculteur doit acheter et relâcher des prédateurs indigènes chaque saison. L'introduction de prédateurs non indigènes pour maîtriser les ravageurs locaux est appelée lutte biologique classique et est trop coûteuse et risquée pour la plupart des contextes de petits exploitants. Vérifiez auprès des services de vulgarisation locaux quels sont les programmes existants et quels sont les prédateurs disponibles pour la distribution et la mise en liberté. En général, les agences gouvernementales, les institutions éducatives ou d'autres organisations sont responsables de la recherche et de l'élevage de prédateurs indigènes ou exotiques (tableau 3).

Tableau 3. Pratiques, description des pratiques et exemples spécifiques d'interventions biologiques.
Stratégie Description Exemple 
Prédateurs naturels Un agriculteur conserve quelques plantes hôtes pour les ravageurs, des plantes qui nourrissent les prédateurs naturels adultes et/ou des plantes qui hébergent les prédateurs naturels pour encourager les populations locales. Plantez quelques tournesols à l'arrière-saison, vers lesquels les punaises pentatomes se déplaceront, encourageant ainsi les punaises soldats (et autres prédateurs naturels) à rester dans la zone. 
Augmentation Un entomologiste part à la recherche de prédateurs ou de parasitoïdes naturels indigènes qui ne sont plus dans la région et les ramène. Achetez ou demandez des guêpes parasites qui ont été élevées par une université locale, un centre de recherche ou une agence gouvernementale. Une fois obtenues, vous pouvez les relâcher dans votre zone de production. Un exemple de jardinier pratiquant l'augmentation a été partagé par Noah Elhardt, membre du réseau. 1
Lutte biologique classique  L'entomologiste recherche des prédateurs ou des parasitoïdes potentiels non indigènes qui, une fois introduits, pourraient lutter contre le parasite. Les chercheurs élèvent les insectes potentiels, testent leur propension à être envahissants et écartent les prédateurs qui ne sont pas de bons candidats. Introduction de la guêpe prédatrice (Tamarixia radiata) pour aider à maîtriser les nymphes du psylle asiatique des agrumes (Michaud, 2004). Cette initiative est généralement trop coûteuse pour les agriculteurs ou même pour les coopératives d'agriculteurs.
Perturbateurs microbiens de l'intestin moyen Les microbes qui, après avoir été consommés par un ravageur, produisent des toxines protéiques qui créent des trous dans l'intestin moyen du ravageur. Certains Bacillus sp. sont commercialisés dans de nombreux endroits du monde et peuvent être appliqués par voie foliaire. Les parasites consomment alors les bactéries comme ils mangent les tissus des cultures.
Champignons tueurs d'insectes Certains champignons sont entomopathogènes, c'est-à-dire qu'ils parasitent les espèces de ravageurs et y accomplissent leur cycle de vie. Le champignon Ophiocordyceps unilateralis accomplit son cycle de vie sur une seule espèce de fourmi formicine (Camponotus leonardi), en fabriquant une momie à partir de l'exosquelette de la fourmi  (Shang et al., 2015).
 
1 Être observateur peut parfois conduire à des opportunités d'augmentation peu coûteuses. Noah Elhardt a raconté l'histoire d'un jardinier qui avait remarqué que les termites agressives qui causaient des problèmes dans ses jardins étaient la proie d'une espèce de fourmis (Megaponera analis) vivant dans la forêt voisine. Le jardinier a dégagé des sentiers depuis l’endroit où se trouvait la population forestière et menant directement jusqu’à ses jardins, réussissant à inviter les fourmis à pénétrer dans son jardin et à vaincre les termites.

Les organismes bénéfiques chassent et tuent activement les ravageurs pour leurs besoins métaboliques ou reproductifs. Les prédateurs bénéfiques comprennent de nombreuses espèces de fourmis qui consomment de jeunes chenilles (figure 6A), des pucerons et d'autres insectes à ventre mou. Les guêpes Prionyx chassent et consomment les sauterelles (figure 6B). Les parasites bénéfiques, appelés parasitoïdes, déposent leurs œufs à l'intérieur d'un ravageur et finissent par le tuer (figure 6C). Le groupe le plus connu de parasitoïdes est celui des guêpes parasites, très diverses. Chaque espèce de guêpe parasite dépose ses œufs à l'intérieur d'un hôte très spécifique, qui peut être un insecte à ventre mou comme un puceron ou une chenille, ou même un coléoptère à carapace dure. Pour chaque ravageur des cultures, il y a probablement au moins un parasitoïde qui le cible. Van Lenteren et al. (2018) décrivent l'utilisation de nombreuses espèces diverses pour la lutte biologique dans le monde entier. 

 
EDN152 Figure 6

Figure 6. Fourmi charpentière (Camponotus sericeus) s'attaquant à une chenille (A) et guêpe prédatrice (Prionyx sp.) s'attaquant à une sauterelle (B). Chenille sphinx parasitée. Les protubérances blanches et duveteuses sont des sachets d'œufs de parasitoïdes (C). Source: Noah Elhardt (A et B) et Jason Weigner (C).

La lutte biologique est un investissement à long terme. Les guêpes parasites, par exemple, ne contrôlent pas à elles seules les populations de chenilles actives, mais elles en réduisent le nombre dans les générations futures. C'est pourquoi la lutte biologique est un élément essentiel de la lutte intégrée.

Les options chimiques

2 Des termes similaires utilisés sont biologique et commercial, mais pour les besoins de cet article, nous resterons sur les termes naturel et synthétique car il existe des pesticides biologiques qui sont à la fois naturels et synthétiques, mais les catégories naturelles s et synthétiques ne se chevauchent pas.

Les options chimiques, comme nous les appelons dans cet article, sont celles qui agissent activement contre les ravageurs par le biais de substances toxiques ou répulsives. Les méthodes de lutte chimique comprennent les pesticides naturels et synthétiques2. L'ingrédient actif d'un pesticide est la partie qui est toxique ou répulsive. Le reste du pesticide est constitué d'ingrédients inertes. Il est possible de sélectionner des insecticides naturels et/ou synthétiques qui sont "biorationnels" dans le sens où ils ciblent des ravageurs spécifiques, ont un impact minimal sur l'environnement et ont une toxicité faible ou nulle sur les espèces non ciblées.

Mode d'action

Le mode d'action d'une intervention chimique décrit la manière dont un pesticide, qu'il soit naturel ou synthétique, lutte contre le parasite. Les modes d'action fondamentaux sont résumés dans le tableau 4.

Tableau 4. Descriptions des modes d'action et exemples pour une liste généralisée.
Mode of action Explanation Synthetic example(s) Natural example(s)
Inhibiteurs Inhiber la croissance des parasites, la synthèse des enzymes, la mue, la création de chitine ou d'autres voies métaboliques importantes. Organophosphates
Bromure de méthyle
Carabamates
Décaléside (provenant de Decalepis hamiltonii) et Roténone (présente dans de nombreuses plantes, dont  Tephrosia vogelii
Bloqueurs de canaux  Bloquer les canaux des voies neurologiques ou d'autres canaux métaboliques importants (par exemple, le sodium). Indoxycarbone Tétrodotoxine (de Taricha granulosa
Modulateurs Maintenir les systèmes neurologiques ou métaboliques ouverts, provoquant souvent des déséquilibres dans un ou plusieurs sens; Il en résulte souvent une perturbation de l'alimentation. DDT
Néonicotinoïdes
Pyréthroïdes
Pyréthrine
Nicotine
Capsaicinoïdes (dans les piments forts)
Imitateurs d'hormones juvéniles Détruire et empêcher la métamorphose Analogues d'hormones juvéniles Certaines Echinacea spp. imitent les hormones des adultes
Inconnu Le mode d'action de certains pesticides est encore inconnu.Certains pesticides ont plus d'un mode d'action   Azadirachtine (dans le neem, Azadirachta indica)

 

3 La résistance aux pesticides est un processus graduel dans lequel une population de parasites devient moins sensible à un pesticide qui était autrefois efficace.

Lors de l'élaboration d'un plan de lutte contre les ravageurs, il faut choisir des pesticides ayant des modes d'action différents et programmer leur application de manière à varier le mode d'action. La diversification des modes d'action augmente la probabilité de maîtriser des populations entières de ravageurs (par exemple, tous les stades de vie) et prévient la résistance aux pesticides.3 Les catégories, descriptions et exemples d'interventions chimiques sont présentés dans le tableau 5.

Tableau 5. Catégories de produits chimiques, description des produits chimiques et exemples spécifiques d'interventions chimiques
Stratégie Description Exemple 
Produits chimiques naturels Produits chimiques extraits de sources naturelles. Ils ne sont pas toujours les plus sûrs et peuvent nécessiter un EPI pour leur application et des restrictions quant au lieu et au moment où vous pouvez les utiliser. L'azadirachtine est extraite des graines et des feuilles de neem (à une concentration plus faible) et appliquée sur les cultures pour lutter contre divers parasites, principalement des insectes piqueurs-suceurs.
Produits chimiques synthétiques Produits chimiques manufacturés. Ils peuvent être plus ou moins toxiques que les produits chimiques naturels. Le pyréthroïde est un composé manufacturé qui imite les pyréthrines naturelles (produites naturellement par les fleurs de chrysanthème).
Produits chimiques ciblés Produits chimiques spécifiques à une espèce ou à un groupe d'insectes. Ces produits chimiques n'ont pas d'impact sur les organismes en dehors d'une gamme étroite d'espèces cibles. Les carabamates contenant du chlore, comme le RynaXypyr®, ciblent les lépidoptères immatures, mais pas les autres groupes d'insectes.
Produits chimiques à large spectre Produits chimiques qui affectent largement plus que l'espèce du ravageur que vous essayez de maîtriser. Les pyréthrines et les pyréthroïdes tuent les fourmis, les moustiques, les papillons de nuit, les mouches, les puces et ont un impact sur d'autres organismes, notamment les abeilles et les poissons.
Application préventive Application de produits chimiques avant qu'un organisme ravageur ait été identifié et échantillonné. Soyez prudent dans l'utilisation d'applications préventives, car elles peuvent entraîner une résistance aux pesticides avec le temps en raison de l'exposition fréquente de l'organisme ravageur au produit chimique. Application d'imidaclopride, un pesticide systémique (absorbé et diffusé dans tout le tissu végétal) avant toute présence de ravageur pour assurer la lutte contre le psylle asiatique des agrumes, vecteur de la maladie du dragon jaune  (Gast et al., 2018) 
Application reactive (réactionnelle) Application de produits chimiques après l'identification et l'échantillonnage d'un organisme ravageur. Application de l'imidaclopride après l'observation d'un ravageur pour lequel le produit chimique est approuvé (principalement les insectes piqueurs-suceurs).

Sécurité

4 Les EPI recommandés peuvent être différents selon que vous mélangez le pesticide ou que vous l'appliquez, ou encore selon que vous l'appliquez dans une pépinière ou dans un champ. Veillez à lire attentivement les étiquettes.

Lors de l'utilisation de tout pesticide, qu'il soit naturel ou synthétique, il est essentiel de suivre les bonnes pratiques de mélange et de chargement, de porter un EPI correct et de prendre des mesures de sécurité pendant l'application. Les étiquettes des produits pesticides doivent expliquer l'EPI requis pour les environnements uniques qui ont des recommandations d'EPI distinctes.4 Les étiquettes des produits doivent également mentionner tout risque sanitaire spécifique correspondant au produit et les instructions sur la manière de décontaminer les déversements potentiels. Les pesticides sont parfois reconditionnés et vendus sans étiquette. Si un produit n'a pas d'étiquette, essayez de rechercher les informations avec le nom du produit et de la société, l'ingrédient actif ou le nom communément utilisé. Abstenez-vous d'utiliser un produit pesticide dont vous ne connaissez pas le nom, l'ingrédient actif et les risques potentiels pour la santé. L'utilisation de pesticides sans ces informations est dangereuse.

N'utilisez que des pesticides dont on sait qu'ils sont efficaces contre l'organisme ravageur visé et appliquez-les à une dose qui permet de lutter efficacement contre cet organisme ravageur. Les taux d'application qui diffèrent des recommandations peuvent causer des problèmes de résistance aux pesticides, de contamination environnementale ou de toxicité accrue.

Lors de l'application de pesticides, il y a des facteurs importants à prendre en compte :

  • La température - Évitez de pulvériser des pesticides lorsque la température de l'air dépasse 30°C, ce qui peut brûler des parties de vos plantes. Appliquez-les plutôt tôt le matin ou le soir, lorsque la température est plus basse et que les rayons du soleil sont moins directs. 
  • Le vent - N'appliquez pas de pesticides s'il y a des rafales ou des vitesses de vent constantes supérieures à 16 km/h (10 mph). Une vitesse de vent élevée fait dériver votre pulvérisation dans les zones environnantes, causant des dégâts aux organismes non ciblés, créant un problème de sécurité et réduisant la précision de votre application.  
  • La pluie - La pluie emporte et dilue de nombreux pesticides. Ne les appliquez pas s'il va bientôt pleuvoir. S'il a plu peu après une application, observez attentivement vos cultures pour déterminer si une nouvelle application est nécessaire.
  • La physiologie des plantes - Les jeunes plantes sont plus sensibles aux brûlures causées par les pesticides que les plantes plus âgées. Les brûlures dues aux pesticides sont plus susceptibles de se produire lorsque les rayons du soleil sont les plus directs et lorsque des huiles sont utilisées. Si vous appliquez un pesticide contenant de l'huile, pulvérisez-le tôt le matin ou le soir. Les fleurs sont plus sensibles aux pesticides que les autres parties de la plante, alors essayez de ne pas appliquer de pesticides foliaires lorsque les fleurs sont ouvertes.
  • La proximité de plans d'eau - De nombreux pesticides, qu'ils soient naturels ou synthétiques, ont un impact négatif sur les écosystèmes aquatiques ou semi-aquatiques. Si vous êtes à proximité de plans d'eau, prenez des précautions supplémentaires pour éviter la dérive de pulvérisation, le ruissellement des pesticides (qui peut se produire s'il pleut peu de temps après la pulvérisation) ou la sur-application (qui peut entraîner un lessivage dans les eaux souterraines).
  • L’effet sur les espèces cibles - Il est important de connaître l'impact d'un pesticide sur les espèces cibles. Il se peut qu'il ne tue ou ne repousse qu'un stade de vie spécifique du ravageur et qu'il faille donc réappliquer le produit plus tard pour combattre efficacement une population. Par exemple, les œufs sont le stade de vie le plus difficile à contrôler, et il peut donc être nécessaire de réappliquer un pesticide une fois que les œufs de la génération précédente ont éclos. 
  • L’effet sur les espèces non ciblées - Il est essentiel de comprendre comment un pesticide peut affecter les espèces non ciblées. Cette considération est importante si vous espérez créer une santé et un équilibre à long terme dans votre agroécosystème. S'il y a des effets néfastes sur les espèces de pollinisateurs, les agents de contrôle biologique ou d'autres organismes souhaitables dans votre agroécosystème, revoyez votre utilisation du produit ; explorez d'autres alternatives ou appliquez le produit sur les plantes avant qu'elles ne fleurissent (pour éviter de nuire aux pollinisateurs). 
  • Le moment et la fréquence d'application - De nombreux pesticides naturels sont moins efficaces que les pesticides synthétiques. Par conséquent, certains pesticides naturels doivent être appliqués lorsque les populations de ravageurs sont faibles et être appliqués fréquemment pour s'assurer que la population de ravageurs reste à des niveaux acceptables.

Si vous appliquez un pesticide qui peut nuire aux personnes et aux animaux, communiquez avec les membres de la communauté locale pour vous assurer que chacun sait quand et combien de temps il doit rester hors de la zone. Les pesticides commerciaux ont publié des délais de sécurité (DS) qui indiquent le moment où il est possible de rentrer sans danger dans la zone pulvérisée.

Intégration des interventions

EDN152 Figure 7

Figure 7. Ce schéma montre comment différents types de stratégies de lutte peuvent avoir un impact sur une population de ravageurs. Le contrôle 1 ne réduit pas la population autant que le contrôle 2, mais son efficacité dure un peu plus longtemps. La combinaison des deux contrôles peut avoir un effet encore plus important sur la réduction de la population de ravageurs.  Source: Stacy Swartz

Les options d'intervention culturale, mécanique, biologique et chimique doivent être exploitées lorsqu'elles sont les plus appropriées à votre contexte, aux besoins de votre culture et au niveau des dégâts. Sélectionnez les pratiques de chaque catégorie qui correspondent à vos besoins, vos ressources et votre confort. Il est peu probable qu'une seule pratique puisse combattre efficacement les ravageurs tout en maintenant la durabilité à long terme. Par conséquent, il est préférable d'intégrer votre approche de gestion des ravageurs avec une variété de stratégies qui piègent, repoussent et réduisent les ravageurs de manière unique (figure 7). Les limites des dégâts varient également en fonction des mesures de lutte disponibles. Jason Weigner nous a fait part d'une mise en garde concernant l’élimination des ravageurs à des niveaux qui ne permettent pas aux espèces prédatrices naturelles de survivre:

Si l'on [réduit] de trop la population de ravageurs, le prédateur risque de mourir ou de se déplacer [vers une autre zone], ce qui entraîne des pics de ravageurs plus importants à l'avenir.

Un exemple d'approche de lutte intégrée contre le ver blanc de la canne à sucre à Bali est décrit dans la Note pour l’Asie n°42 [http://edn.link/qt6hxz]. Commencez par considérer les pratiques à la base de la pyramide (figure 2) et remontez si possible. S'il y a déjà trop de dégâts, cela peut ne pas être possible, et vous devrez peut-être commencer par des mesures suppressives plus fortes. La saison suivante, essayez d'investir du temps plus tôt dans la saison pour mettre en œuvre des options culturales, mécaniques ou biologiques.

Conclusion

La lutte intégrée est une approche de la gestion des ravageurs qui combine différentes stratégies, chacune fonctionnant de manière unique. Pour améliorer continuellement votre plan de gestion des ravageurs, vous devez vous consacrer à apprendre des ravageurs, à les observer et à évaluer l'efficacité de vos actions de prévention et d'intervention pour limiter ou maîtriser les populations de ravageurs. Dans le dernier article, nous verrons comment évaluer les stratégies d'intervention, apprécier leur efficacité, puis ajuster les futurs plans de lutte antiparasitaire.

Lectures complémentaires

Pour en savoir plus sur les options de lutte naturelle contre les parasites, explorez le site oisat.org [http://edn.link/rxj2dy], où vous pouvez naviguer dans les ressources par ravageur, culture ou méthode de lutte.

L'USDA a une section sur la « Prévention des problèmes et la gestion holistique des ravageurs » spécifique aux pépinières tropicales, qui commence à la page 273 de son livre Tropical Nursery Manual: A Guide to Starting and Operating a Nursery for Native and Traditional Plants [Manuel des pépinières tropicales : Un Guide pour démarrer et faire fonctionner une pépinière de plantes indigènes et traditionnelles]  [http://edn.link/2mtf7j]. 

Le livre Integrated Pest Management in Tropical Regions [http://edn.link/7x933r] de Rapisarda et Cocuzza publié par le Centre for Agriculture and Bioscience International est une ressource précieuse. Ce livre traite en profondeur des pratiques, de l'intégration des options de lutte et des contraintes spécifiques aux conditions tropicales, y compris les impacts uniques des changements climatiques sur la gestion des ravageurs.

Références

Gast, T. et T. Watkins, résumé par Stacy Reader 2018. Yellow shoot, green fruit: citrus greening disease. Notes de Développement de ECHO n°138.

Michaud, J.P. 2004. "Natural mortality of Asian citrus psyllid (Homoptera: Psyllidae) in central Florida" [Mortalité naturelle du psylle asiatique des agrumes (Homoptera : Psyllidae) dans le centre de la Floride]. Biological Control 29: 260-269. doi:10.1016/s1049-9644(03)00161-0.

Motis, T. 2020. Méthodes à faible teneur en oxygène pour la lutte contre les insectes dans les semences. Notes de Développement de ECHO n°146. 

Personnel de ECHO 1992. Short term heating kills cowpea weevils [Le chauffage à court terme tue les charançons du niébé]. Notes de Développement de ECHO n°37.

Shang, Y., P. Feng, et C. Wang. 2015. Fungi that infects insects: altering host behavior and beyond  [Les champignons qui infectent les insectes : modification du comportement de l'hôte et au-delà]. PLoS Pathog. 11(8). 

Tesfaye, A., et R.D. Gautam. 2003. Traditional pest management practices and lesser exploited natural products in Ethiopia and India: Appraisal and revalidation [Pratiques traditionnelles de lutte contre les parasites et produits naturels moins exploités en Éthiopie et en Inde: Evaluation et revalidation]. Indian Journal of Traditional Knowledge 2(2):189-201.

Van Leneren, J.C., K. Bolckmans, J. Köhl, W.J. Ravensberg, and A. Urbaneja. 2018. Biological control using invertebrates and microorganisms: plenty of new opportunities [La lutte biologique à l'aide d'invertébrés et de microorganismes : plein de nouvelles opportunités]. BioControl 63:39-59.

Vincent, C., G. Hallman, B. Panneton, et F. Fleurat-Lessard. 2002. Management of agricultural insects with physical control methods [Gestion des insectes agricoles par des méthodes de lutte physique]. Annu. Rev. Entomol 45:261-281.